LaCommission europĂ©enne indique s'attendre Ă  une perte de 8,5 millions d'emplois en 2009 et en 2010 dans l'UE. Elle table sur une forte hausse du taux de chĂŽmage Ă  9,9 % en zone euro cette annĂ©e, puis Ă  11,5 % en 2010, avec des pointes Ă  20,5 PubliĂ©le 27 juin 2008 Une cĂ©rĂ©monie a eu lieu en la prĂ©sence de la ministre de l'Économie Christine Lagarde, du prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de La Monnaie de Paris Christophe Beaux et du designer français Philippe Starck pour procĂ©der Ă  la premiĂšre frappe de la piĂšce commĂ©morative de 2 euros dessinĂ©e Ă  l’occasion de la PrĂ©sidence française du Conseil de l’Union europĂ©enne. Le rapprochement entre l’UE et IsraĂ«l est gelĂ© », titre Le Ricard, 28 avril). « Les Vingt-Sept posent comme prĂ©alables au renforcement de leurs relations avec IsraĂ«l la relance du processus de paix et un engagement en faveur de la crĂ©ation d’un Etat palestinien.ActĂ©e sous prĂ©sidence française de l’Union europĂ©enne (UE), en dĂ©cembre 2008, la Commel'utilisation d'un code promo Piece 2 Euros Presidence Francaise Union Europeenne 2008 Avec Faute De Frappe et l'activation d'une remise immĂ©diate. Ou encore le remboursement automatique de votre achat Piece 2 Euros Lesrecommandations formulĂ©es par les citoyens, en France et en Europe, nourrissent les prioritĂ©s de la prĂ©sidence française du Conseil de l’Union europĂ©enne. Les travaux de la ConfĂ©rence sur l’avenir de l’Europe se concluront au printemps 2022, pendant la PFUE. Les citoyens seront informĂ©s des suites qui leurs seront donnĂ©s. ybce. Cet article date de plus de dix ans. La Cour des Comptes vient de rendre un rapport sur le coĂ»t de la prĂ©sidence française de l’Union au dernier semestre 2008. On y apprend qu’entre juillet et dĂ©cembre 2008, la France a dĂ©pensĂ© prĂšs de 175 millions d’euros. La cour des comptes pointe notamment du doigt le sommet de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e. Il s’est tenu en juillet 2008 au Grand Palais Ă  Paris. CoĂ»t de cette seule journĂ©e environ 16,6 millions d’euros ! Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 01/11/2011 2300 Mis Ă  jour le 02/05/2014 1226 Temps de lecture 2 min. C’était le grand projet de Nicolas Sarkozy le sommet de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e. Une rĂ©union avec les dirigeants de 44 pays, le dimanche 13 juillet au Grand Palais Ă  Paris. _ Parmi les invitĂ©s prĂ©sents le prĂ©sident syrien Bachar Al Assad et le premier ministre israĂ©lien Ehoud Olmert. Trois heures de rencontre pour un coĂ»t total de 16,6 millions d’euros ! C’est la cour des comptes qui le dit dans un rapport. 1 million euros rien que pour le dĂźner ! On aurait mĂȘme installĂ© une douche pour le chef de l’Etat pour un prix de euros. Le porte-parole du Quai D'Orsay, Bernard Valero souligne que la France ne dispose plus Ă  Paris de centre de confĂ©rences internationales. “Faute d'infrastructure dĂ©diĂ©e dans la capitale, nous avons dĂ» amĂ©nager, de maniĂšre ponctuelle et provisoire, un site d'accueil, le Grand Palais. Dans ce contexte, les frais engagĂ©s ont Ă©tĂ© plus importants,” explique le porte-parole du Quai d'Orsay. _ Pour tenter de justifier cette somme astronomique, Bernard Valero rappelle l’ampleur “inĂ©dite” de ce sommet avec 44 chefs d'Etat et de gouvernement et journalistes accrĂ©ditĂ©s. “Par son ampleur, le caractĂšre irrĂ©gulier des procĂ©dures suivies et son impact massif pour les finances publiques, ce sommet constituera une forme de record ”, observe la Cour des comptes. Une douche froide pour les finances publiques _ De son cĂŽtĂ©, le dĂ©putĂ© apparentĂ© socialiste RenĂ© DosiĂšre dĂ©nonce des “dĂ©penses incroyables, insupportables et inacceptables ”. Il fustige notamment “un dĂźner des chefs d'Etat pour un coĂ»t de euros par personne”, et “l'installation d'une douche Ă  l'usage du prĂ©sident, pour un prix de euros”. InterrogĂ© sur la facture de cette douche, Eric Woerth a rĂ©torquĂ© “ce serait scandaleux si c'Ă©tait vrai, mais c'est faux!.” Pour lui, la France a dĂ©pensĂ© moins qu'initialement prĂ©vu pour assurer la prĂ©sidence de l'Union europĂ©enne en 2008 et “n'a pas Ă  rougir” de son coĂ»t. _ Selon le ministre du Budget, la somme citĂ©e par RenĂ© DosiĂšre correspond au montant total de l'amĂ©nagement du Grand Palais nĂ©cessaire Ă  l'organisation du Sommet de l'Union de la MĂ©diterranĂ©e, dans le cadre de la prĂ©sidence de l'UE. _ Ce rapport de la cour des comptes souligne d'une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale que pendant la prĂ©sidence de l’Union EuropĂ©enne, la France a dĂ©pensĂ© prĂšs de 175 millions d’euros, soit prĂšs d’un million par jour. Une facture plutĂŽt salĂ©e, pour seulement 6 mois ! En 2000, Jacques Chirac avait dĂ©pensĂ© 114 millions d'euros de moins. MikaĂ«l Roparz Prolongez votre lecture autour de ce sujet tout l'univers Politique Vu d'Europe Franceinfo sĂ©lectionne chaque jour des contenus issus de mĂ©dias audiovisuels publics europĂ©ens, membres de l’Eurovision. Ces contenus sont publiĂ©s en anglais ou en français. 1L’entitĂ© politique créée en un demi-siĂšcle par la volontĂ© d’intĂ©gration de certains pays europĂ©ens est d’une grande originalitĂ©. Rien de semblable n’existe ailleurs, ni n’a existĂ© dans le passĂ©. C’est une banalitĂ© de le dire. BanalitĂ© aussi de constater que la gouvernance de cette entitĂ© politique est en permanente mutation. L’Union europĂ©enne UE ne se gouverne pas aujourd’hui comme l’on gouvernait la CommunautĂ© des pĂšres fondateurs, ni mĂȘme tout Ă  fait comme la Commission europĂ©enne CE qu’a dirigĂ©e Jacques Delors pendant une dĂ©cennie, ce qui infirme d’ailleurs certaines comparaisons. Au dĂ©part, la volontĂ© d’exercer une souverainetĂ© partagĂ©e – en donnant progressivement des pouvoirs rĂ©els Ă  des institutions indĂ©pendantes – Ă©tait forte. Elle s’est longtemps maintenue, puis affaiblie. Aujourd’hui, elle est simplement absente la majoritĂ© des États membres n’envisagent pas de revenir en arriĂšre, mais plus personne – ou presque – ne veut de nouveaux transferts de souverainetĂ©. L’encĂ©phalogramme est plat. La bicyclette s’est arrĂȘtĂ©e, sans d’ailleurs que le cycliste tombe, la politique n’étant pas gouvernĂ©e par les lois de la mĂ©canique. 2Cette mutation de la gouvernance europĂ©enne n’est pas Ă©tonnante en elle-mĂȘme. La France d’aujourd’hui ne se gouverne pas comme celle des annĂ©es 1950, ni mĂȘme tout Ă  fait comme celle du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Quant Ă  la Belgique, autre exemple, son systĂšme politique est entiĂšrement diffĂ©rent de celui que nous connaissions il y a cinquante ans. Pourquoi l’Europe Ă©chapperait-elle Ă  un phĂ©nomĂšne aussi rĂ©pandu ? 3Mais le fait d’ĂȘtre en permanente mutation n’est pas sans consĂ©quence. Aujourd’hui, nous subissons une crise qui touche le monde financier, l’économique, le social, l’idĂ©ologique, l’éthique, cest-Ă -dire une crise politique au sens large et noble de ce terme. Son impact sur une gouvernance en mutation ne se mesure pas Ă  l’aune de quelques semaines, ou de quelques mois. Il relĂšve plutĂŽt des phĂ©nomĂšnes de longue durĂ©e, chers Ă  Fernand Braudel [1]. Au minimum, il faudrait se donner le recul de l’horizon politique qui, dans une dĂ©mocratie, tourne en moyenne autour de cinq ans. 4Il y a donc tĂ©mĂ©ritĂ© Ă  vouloir parler maintenant des effets de la crise Ă©conomique et financiĂšre sur la gouvernance europĂ©enne. Mais comme nul ne peut donner d’assurance sur la durĂ©e et l’ampleur des problĂšmes, un point provisoire peut s’avĂ©rer utile, sachant que, demain, ces vues devront ĂȘtre rĂ©visĂ©es. Quand commence la crise ? 5Pour les observateurs avertis, la crise monĂ©taire et financiĂšre est Ă  l’Ɠuvre depuis bien plus d’un an. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le confirmait rĂ©cemment On peut en dater le dĂ©but [du] mois d’aoĂ»t 2007, quand des perturbations sĂ©vĂšres sont apparues sur le marchĂ© interbancaire [2]». Mais l’opinion publique europĂ©enne n’en a perçu le risque que beaucoup plus tard, ayant longtemps cru que la crise des prĂȘts hypothĂ©caires aux États-Unis resterait gĂ©ographiquement localisĂ©e dans ses effets, comme d’autres crises l’avaient Ă©tĂ© dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes. 6L’homme de la rue, qui a toujours du mal Ă  visualiser la mondialisation et pour qui les problĂšmes de liquiditĂ©s interbancaires sont largement incomprĂ©hensibles, ne percevait, et ne perçoit sans doute toujours pas vraiment que l’intĂ©gration financiĂšre a atteint un tel degrĂ© qu’au niveau mondial, les interconnexions sont multipliĂ©es et l’interdĂ©pendance des marchĂ©s et des institutions gĂ©nĂ©ralisĂ©e. 7La premiĂšre alerte, perçue comme telle par une seule part de l’opinion, survient le 9 aoĂ»t 2007, quand BNP Paribas suspend les transactions sur deux de ses hedge funds en difficultĂ©, et que les banques centrales, y compris la Banque centrale europĂ©enne BCE, doivent injecter massivement des liquiditĂ©s dans le systĂšme financier. Le sentiment d’une catastrophe imminente ne se rĂ©pand cependant que bien plus tard, avec les rĂ©percussions mondiales de la faillite de la banque Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. C’est bien la date que le prĂ©sident Sarkozy assigne au dĂ©but de la crise financiĂšre systĂ©mique [3]. 8Il est vrai que des sages avaient depuis longtemps signalĂ© les risques encourus. DĂšs 2001, ils disaient notamment l’intĂ©gration accrue des marchĂ©s de valeurs mobiliĂšres implique une plus grande interconnexion de maniĂšre transfrontaliĂšre [
] qui augmente leur exposition commune Ă  des chocs financiers [4] ». En aoĂ»t 2007, l’Institut Bruegel, think tank bruxellois spĂ©cialisĂ© dans les questions Ă©conomiques et financiĂšres internationales, publiait une Ă©tude intitulĂ©e Is Europe Ready for a Major Banking Crisis? [5] 9Les 19 et 20 juin 2008, les dĂ©bats du Conseil europĂ©en rĂ©uni Ă  Bruxelles ont Ă©tĂ© dominĂ©s par les consĂ©quences du Non irlandais au traitĂ© de Lisbonne. Ses conclusions s’étendent aussi aux domaines de la libertĂ©, de la sĂ©curitĂ© et de la justice, Ă  la hausse des prix alimentaires et du pĂ©trole, ainsi qu’à la situation dans les Balkans occidentaux. Un paragraphe unique est consacrĂ© aux marchĂ©s financiers. Le Conseil europĂ©en constate que les marchĂ©s financiers internationaux montrent des signes de stabilisation, mais que la situation gĂ©nĂ©rale demeure fragile. Le plan de travail global actualisĂ©, adoptĂ© en octobre dernier en rĂ©action aux turbulences survenues sur les marchĂ©s financiers, est en cours de mise en Ɠuvre comme prĂ©vu et devrait ĂȘtre menĂ© Ă  bien pour la fin de 2008 » [6]. Ce n’est pas lĂ  vraiment une atmosphĂšre de crise
 10De cette analyse ressort que, pour l’opinion publique, la question de la gouvernance europĂ©enne dans la crise ne s’est posĂ©e qu’au cours du deuxiĂšme semestre 2008, au moment oĂč la France exerçait la prĂ©sidence de l’UE. Il est donc lĂ©gitime de poursuivre notre rĂ©flexion par un regard jetĂ© sur cette prĂ©sidence. La prĂ©sidence française 11L’annĂ©e 2008 s’est terminĂ©e dans un concert d’éloges Ă  l’égard de la prĂ©sidence en exercice. Ces applaudissements viennent de tous horizons politiques, y compris de secteurs qui ne peuvent ĂȘtre suspectĂ©s de partialitĂ© en faveur du prĂ©sident de la RĂ©publique française. Pour le journal Le Monde, M. Sarkozy a fait preuve d’un savoir-faire et d’une Ă©nergie qui lui valent aujourd’hui, non sans raison, un concert de louanges [7] ». M. Sarkozy se plaĂźt Ă  l’adversitĂ©, et la tranquillitĂ© l’ennuie [8] ». Au Parlement europĂ©en, les compliments proviennent de sources aussi diverses que Francis Wurtz, prĂ©sident du groupe communiste, ou Andrew Duff qui, tout en Ă©tant dĂ©putĂ© britannique, est prĂ©sident de l’Union des FĂ©dĂ©ralistes europĂ©ens UEF. Dans un raccourci teintĂ© d’ironie, un journaliste du Financial Times Ă©crit Les six mois de la prĂ©sidence française de l’UE ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s comme triomphe, d’abord par la voix de Nicolas Sarkozy lui-mĂȘme, mais aussi par quelques autres » [9]. 12Toute prĂ©sidence europĂ©enne sĂ©rieuse se fonde sur un programme soigneusement prĂ©parĂ©, souvent longtemps Ă  l’avance, et trĂšs rĂ©guliĂšrement bouleversĂ© par des Ă©vĂ©nements inattendus. Elle est donc jugĂ©e sur sa capacitĂ© Ă  rĂ©aliser son programme et, en mĂȘme temps, Ă  faire face Ă  l’imprĂ©visible. 13La prĂ©sidence française avait prĂ©vu de s’occuper de politique agricole, d’union mĂ©diterranĂ©enne, de changement climatique, d’asile et d’immigration, de sĂ©curitĂ© commune. Dans chacun de ces domaines, des progrĂšs – plus ou moins importants selon les cas – ont en effet Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Cette prĂ©sidence ne pouvait Ă©videmment prĂ©voir d’avoir Ă  s’occuper du rĂ©fĂ©rendum perdu en Irlande sur le traitĂ© de Lisbonne, de l’affrontement en GĂ©orgie ou de la brusque accĂ©lĂ©ration de la crise financiĂšre mondiale. C’est surtout dans ces derniers domaines que l’intervention dynamique du prĂ©sident Sarkozy a frappĂ© l’opinion. Sa prĂ©sence personnelle sur tous les fronts, sa volontĂ© Ă©vidente d’aboutir en bousculant au besoin les habitudes et les procĂ©dures, a Ă©tonnĂ© et convaincu. Les citoyens europĂ©ens ont eu l’impression qu’il y avait un pilote dans l’avion, impression dont il faut bien reconnaĂźtre qu’elle est, au niveau europĂ©en, moins frĂ©quemment ressentie qu’on pourrait le souhaiter. 14Pendant la prĂ©sidence française, l’UE a donc donnĂ© le sentiment d’ĂȘtre gouvernĂ©e, et bien gouvernĂ©e. Est-elle, pour autant, assurĂ©e de sa gouvernance ? Pour rĂ©pondre Ă  cette question, il faut s’entendre sur les mots. Pour le Petit Larousse , le gouvernement est l’organe qui dĂ©tient le pouvoir exĂ©cutif ». Pour la Commission, qui a consacrĂ© un Livre blanc Ă  la gouvernance europĂ©enne, celle-ci se dĂ©finit comme Ă©tant lensemble des rĂšgles, des procĂ©dures et des pratiques ayant trait Ă  la maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s [10] ». 15La maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s dans l’Union tient Ă©videmment aux institutions, et c’est par elles qu’il faut poursuivre l’analyse. 16Il s’agit d’abord des institutions exĂ©cutives. Le Parlement europĂ©en ne s’est pas dĂ©sintĂ©ressĂ© de la crise, il en a traitĂ© au cours des auditions rĂ©guliĂšres du prĂ©sident de la BCE par la Commission Ă©conomique et financiĂšre – prĂ©sidĂ©e par Pervenche BerĂšs. En juin et en juillet 2008, il a adoptĂ© des rĂ©solutions demandant Ă  la Commission d’introduire des propositions lĂ©gislatives Ă©tablissant de nouvelles rĂšgles pour les marchĂ©s financiers [11]. Mais le Parlement est un pouvoir lĂ©gislatif, et la gestion de crise est essentiellement une responsabilitĂ© de l’exĂ©cutif qui, dans le cadre europĂ©en, est constituĂ© par la Commission et le Conseil. S’agissant d’une crise du systĂšme financier, il est logique d’ajouter Ă  ces deux institutions la BCE, et peut-ĂȘtre mĂȘme de commencer par elle. La Banque centrale europĂ©enne 17Depuis sa crĂ©ation, la Banque centrale a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une institution sĂ©rieuse et respectable, mais lourde, conservatrice, obsĂ©dĂ©e par la courbe de l’inflation et dominĂ©e par la rĂšgle du consensus, bref manquant de l’agilitĂ© nĂ©cessaire pour faire face aux crises. Aux yeux de certaines capitales, elle paraissait en somme trop germanique » et les critiques Ă©taient nombreuses et rĂ©guliĂšres, en particulier Ă  Paris. Ce que la crise a dĂ©montrĂ©, c’est que ces critiques Ă©taient mal fondĂ©es. 18Le 9 aoĂ»t 2007, la BCE a procĂ©dĂ© en quelques heures Ă  une injection massive de liquiditĂ©s dans le systĂšme bancaire. Cette action s’est poursuivie et renouvelĂ©e pendant des mois, souvent en concertation avec la Federal Reserve FED amĂ©ricaine et les banques centrales du Royaume-Uni, du Japon, de la Suisse, du Canada. De loin la plus lourde intervention monĂ©taire dans l’histoire du monde » note un expert [12]. Avec ces mĂȘmes partenaires, elle dĂ©cide, le 8 octobre 2008, une rĂ©duction importante et concertĂ©e du taux de refinancement – un exercice collectif Ă©galement sans prĂ©cĂ©dent. Dans cette concertation internationale, c’est souvent la BCE qui a pris l’initiative et s’est montrĂ©e plus rapide, plus agile que les autres. Quand le gouvernement belge a dĂ» faire face Ă  la dĂ©bĂącle de la banque Fortis, on a vu Jean-Claude Trichet apparaĂźtre dans les couloirs de Bruxelles et sur les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision. 19L’action de la BCE depuis le dĂ©but de la crise constitue, de l’avis gĂ©nĂ©ral, un parcours sans faute. Elle a Ă©videmment contribuĂ© Ă  la bonne tenue de l’euro, ce qui est un service inapprĂ©ciable Sans l’euro, les ondes de choc de la crise se seraient propagĂ©es au marchĂ© des changes, crĂ©ant des tensions qui auraient renvoyĂ© l’intĂ©gration politique et Ă©conomique de l’Europe des annĂ©es en arriĂšre [13] ». Cette prĂ©sence de la BCE a contribuĂ© Ă  affermir dans l’opinion le sentiment que l’UE Ă©tait gouvernĂ©e, et que l’autoritĂ© publique europĂ©enne abordait les problĂšmes de maniĂšre concertĂ©e et efficace. 20Ce rĂ©sultat n’est pas le fruit du hasard. La BCE avait organisĂ© en 2005 et 2006, avec la participation d’experts extĂ©rieurs, des exercices de simulation de crise, une forme de kriegspiel financier, qui devait conduire Ă  la mise en place d’un rĂ©seau de communication, et Ă  une rĂ©partition des rĂŽles entre les diffĂ©rents acteurs [14], ce qui s’est rĂ©vĂ©lĂ© prĂ©cieux quand la fiction a fait place Ă  la rĂ©alitĂ©. La Commission europĂ©enne 21Dans les premiers mois de la crise bancaire et financiĂšre, la Commission s’est dĂ©libĂ©rĂ©ment abstenue d’intervenir dans le dĂ©bat. 22Cette rĂ©ticence a Ă©tĂ© initialement justifiĂ©e par le fait qu’elle n’avait ni la compĂ©tence ni les moyens budgĂ©taires d’intervenir dans une crise de ce type, ce qui est Ă  la fois vrai et faux. Selon les traitĂ©s, la Commission ne dispose pas de compĂ©tence spĂ©cifique dans le domaine monĂ©taire, bancaire, ni pour la gestion macro-Ă©conomique. Il est aussi vrai que le budget de l’Union, thĂ©oriquement fixĂ© au seuil dĂ©jĂ  fort bas de 1,24 % du produit intĂ©rieur brut PIB de l’UE, est en fait rabotĂ© chaque annĂ©e par le Conseil Affaires Ă©conomiques et financiĂšres ECOFIN » [15], au point qu’il n’atteindra en 2009 que 0,90 % de ce PIB. La marge de manƓuvre est donc quasi inexistante. En revanche, dans la structure institutionnelle de l’UE, la Commission a des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales qui auraient pu, et dĂ», ĂȘtre utilisĂ©es celle d’exprimer et de dĂ©fendre l’intĂ©rĂȘt collectif face aux intĂ©rĂȘts nationaux, celle de proposer puis d’initier des rĂ©glementations nouvelles lĂ  oĂč elles s’avĂšrent nĂ©cessaires et celle d’appliquer le droit communautaire, avec certes la souplesse requise par une crise sans prĂ©cĂ©dent mais dans un esprit de non-discrimination que certains n’ont guĂšre semblĂ© vouloir respecter. 23Une autre explication de cette rĂ©ticence se fonde sur l’argument que les États membres ne souhaitaient manifestement pas que la Commission intervienne, parce qu’ils craignaient que son intervention ne conduise Ă  terme Ă  un transfert de compĂ©tences au niveau europĂ©en. La constatation est indiscutable. Les bureaucraties nationales, en particulier celles des Finances, dĂ»ment relayĂ©es au niveau du Conseil par leurs ministres respectifs, s’opposent depuis toujours Ă  tout ce qui pourrait conduire Ă  une diminution de leurs pouvoirs. Si, au cours des annĂ©es, la Commission les avait toujours Ă©coutĂ©es, il n’y aurait aujourd’hui ni marchĂ© intĂ©rieur ni monnaie unique. Il y a lĂ  sans doute une leçon Ă  mĂ©diter. 24Cette absence relative de la Commission dans le dĂ©bat a Ă©tĂ© remarquĂ©e. Au cours de l’automne 2008, des voix se sont Ă©levĂ©es pour demander qu’elle reprenne son rĂŽle. Les trustees de Friends of Europe, prĂ©sidĂ©s par Étienne Davignon, appellent la Commission europĂ©enne et son prĂ©sident, JosĂ© Manuel Barroso, Ă  assumer le rĂŽle de direction et les responsabilitĂ©s qui appartiennent Ă  cette institution [16] ». Le comitĂ© d’orientation de Notre Europe, qui rĂ©unit – sous la prĂ©sidence de Jacques Delors – des personnalitĂ©s de haut niveau de nombreux pays, souligne que la continuitĂ© et la cohĂ©rence de l’action de l’Union doivent ĂȘtre assurĂ©es par la Commission europĂ©enne [17] ». À la veille du Conseil europĂ©en de dĂ©cembre 2008, quatre think tanks europĂ©ens ont joint leurs voix pour demander notamment que la Commission Ă©labore un cadre commun pour des interventions dans le domaine financier [18]. 25Dans les derniers mois de 2008, la Commission a adoptĂ© une attitude plus proactive. Un sĂ©minaire consacrĂ© Ă  ces questions s’est tenu au mois d’octobre, rassemblant tous ses membres et des experts venus de l’extĂ©rieur. Le 26 novembre, elle a rendu public un plan europĂ©en pour la relance Ă©conomique qui a largement inspirĂ© les conclusions du Conseil europĂ©en de dĂ©cembre [19]. On peut discuter pour savoir si ce plan rĂ©pond ou non aux exigences du moment, mais le fait institutionnel est que, pour son Ă©laboration et son adoption, la Commission a jouĂ© le rĂŽle qui est le sien. 26Il reste que lUE ne sest toujours pas dotĂ©e dun systĂšme europĂ©en de contrĂŽle prudentiel sur les banques exerçant une activitĂ© transfrontaliĂšre, ce qui nuit Ă  la crĂ©dibilitĂ© de son intervention, ou de celle des pays de l’euro, au niveau mondial. 27Pourtant, de nombreuses voix autorisĂ©es s’élĂšvent en ce sens. Dans une intervention devant la commission des Finances de l’AssemblĂ©e nationale française, Alexandre Lamfalussy – dont l’expĂ©rience et la sagesse sont reconnues par tous –, note qu’aujourd’hui le trait dominant des marchĂ©s financiers est un haut degrĂ© d’opacitĂ©, mais que l’établissement de plus de transparence – par la circulation d’informations de nature prudentielle –, se heurte Ă  beaucoup d’obstacles, de nature juridique ou autre [20]. Nicolas VĂ©ron, de l’Institut Bruegel, proposait en aoĂ»t 2007 que les banques europĂ©ennes ayant une activitĂ© transfrontaliĂšre soient soumises Ă  un rĂ©gime de rĂ©gulation et de supervision prudentielles au niveau de l’UE [21] ». Le Center for European Policy Studies CEPS propose la crĂ©ation d’un systĂšme europĂ©en de superviseurs financiers [22] ». Dans ce secteur, la gouvernance europĂ©enne est manifestement en dĂ©faut et le principe de subsidiaritĂ© est invoquĂ© Ă  contresens. 28La prĂ©sidence française a fait un effort particulier pour associer la Commission Ă  ses activitĂ©s. Nicolas Sarkozy a par exemple insistĂ© auprĂšs des Russes pour que le prĂ©sident Barroso participe Ă  Moscou aux discussions cruciales sur la GĂ©orgie. Ce n’était pas Ă©vident, et l’on doit s’en fĂ©liciter. Il reste, peut-ĂȘtre en raison du tempĂ©rament contrastĂ© des deux hommes, que le prĂ©sident de la Commission est souvent apparu comme l’adjoint, le collaborateur du prĂ©sident du Conseil europĂ©en. Tel n’est pourtant pas son rĂŽle institutionnel. 29La combinaison d’une activitĂ© rĂ©duite et d’un rĂŽle effacĂ©, au moins en apparence, a nui Ă  l’image de la Commission, particuliĂšrement dans les pays petits ou moyens qui voient traditionnellement dans cette institution un dĂ©fenseur de leurs intĂ©rĂȘts, et de l’intĂ©rĂȘt commun. À tort ou Ă  raison, la contribution de la Commission Ă  la gouvernance europĂ©enne dans la crise n’a pas Ă©tĂ© jugĂ©e dĂ©terminante. Le Conseil europĂ©en 30Il semble normal d’examiner ensemble l’Ɠuvre du Conseil des ministres et celle du Conseil europĂ©en, mĂȘme si les juristes font une distinction entre ces deux instances. C’est sur la performance de cet ensemble au cours de la prĂ©sidence française, notamment face Ă  la crise, que se concentrent les Ă©loges dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©s. Laissons parler le prĂ©sident de la RĂ©publique française Dans la crise financiĂšre, l’Europe a Ă©tĂ© unie. L’Europe a demandĂ© le sommet de Washington, l’Europe a demandĂ© le G20 et l’Europe organisera Ă  Londres, le 2 avril prochain, le Sommet de la rĂ©forme de la gouvernance mondiale. L’Europe a dit d’une seule voix qu’elle voulait d’un capitalisme d’entrepreneurs et non pas d’un capitalisme de spĂ©culateurs, qu’elle voulait la rĂ©forme du systĂšme financier, qu’elle voulait une autre place pour les pays Ă©mergents, qu’elle voulait la moralisation du capitalisme. [23] » L’Europe est passĂ©e de l’influence Ă  la puissance », dit Jean-Pierre Jouyet, qui fut l’un des principaux artisans de cette prĂ©sidence [24]. 31Le succĂšs est indĂ©niable, trĂšs gĂ©nĂ©ralement reconnu. Mais du point de vue qui nous intĂ©resse ici, cest-Ă -dire celui de la gouvernance – la maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s –, on peut se poser un certain nombre de questions. 32La premiĂšre, la plus Ă©vidente, tient au rĂŽle dĂ©terminant du prĂ©sident. Si on avait eu en France quelqu’un d’autre que Nicolas Sarkozy, je ne suis pas certain qu’on aurait rĂ©ussi de la mĂȘme façon », admet Jouyet. Combien de membres du Conseil europĂ©en partagent, au mĂȘme degrĂ©, la dynamique et le goĂ»t du risque du prĂ©sident français ? Si la prĂ©sidence avait Ă©tĂ© exercĂ©e par le chef du gouvernement d’un petit pays, aurait-il Ă©tĂ© reçu Ă  Moscou au mois d’aoĂ»t pour parler de la GĂ©orgie ? Le propre des performances individuelles de haut niveau, sportives ou politiques, est d’ĂȘtre difficiles Ă  imiter et Ă  reproduire. 33Au cours de cette pĂ©riode, Javier Solana, incarnation du Conseil comme institution et Haut ReprĂ©sentant pour la Politique Ă©trangĂšre et de sĂ©curitĂ© commune PESC, a Ă©tĂ© assez largement marginalisĂ©. Cela a Ă©tĂ© notĂ©, Ă  l’intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur de l’UE. La rĂ©sonance de cette mise Ă  l’écart est d’autant plus forte que le traitĂ© de Lisbonne appellera Ă  l’avenir le titulaire de ce poste Ă  devenir, sans en avoir le nom, une sorte de ministre des Affaires Ă©trangĂšres de l’Union. 34Le couple franco-allemand joue traditionnellement un rĂŽle de moteur dans l’UE, cest-Ă -dire qu’il donne du grain Ă  moudre aux institutions, surtout sur les sujets sur lesquels la Commission est rĂ©ticente, ou pendant les pĂ©riodes oĂč elle est muette. Ce moteur est grippĂ©. Il ne s’agit pas d’un diffĂ©rend personnel entre le prĂ©sident français et la chanceliĂšre allemande, mais d’une divergence – qui n’est pas nouvelle –, dans la perception des intĂ©rĂȘts et dans le choix des approches politiques. Comme tous les couples, celui-ci ne fonctionne que lorsque, de part et d’autre, on est convaincu que l’avantage d’une action commune prime, et doit primer, sur la dĂ©fense d’approches ou d’intĂ©rĂȘts propres. Cette conviction a souvent existĂ© dans le passĂ©, et a conduit Ă  des compromis parfois historiques. Elle semble moins prĂ©sente aujourd’hui. CoĂŻncidence ou malchance, il se trouve que le Benelux [25], qui a souvent jouĂ© un rĂŽle dynamique par le passĂ©, a pratiquement cessĂ© d’exister depuis le rĂ©sultat nĂ©gatif au rĂ©fĂ©rendum nĂ©erlandais sur le TraitĂ© constitutionnel. Et la mĂ©sentente a atteint des sommets lors de la dĂ©bĂącle de la banque Fortis. 35Croire, comme certains, que l’on peut substituer Ă  ces alliances stables des coalitions occasionnelles rĂ©unissant des partenaires Ă  chaque fois diffĂ©rents, en fonction des sujets, est une illusion. Cette pratique directement inspirĂ©e de la diplomatie du xix e siĂšcle, remise au goĂ»t du jour par Donald Rumsfeld coalition of the willing » n’a jamais fonctionnĂ© dans un cadre multilatĂ©ral. Elle a toujours Ă©chouĂ© parce qu’elle est source de tensions et non de synergies. 36Il ne s’agit en rien de minimiser les rĂ©sultats spectaculaires d’une prĂ©sidence dynamique. Mais on aurait sans doute tort de croire, au vu de ces rĂ©sultats, que la bĂȘte se porte bien. On aurait tort aussi de conclure que, pour l’avenir, sa gouvernance est assurĂ©e. Et le traitĂ© de Lisbonne ? 37Ce traitĂ© apporte de sĂ©rieux progrĂšs Ă  la construction europĂ©enne du point de vue de la dĂ©mocratie pouvoirs du Parlement europĂ©en et des parlements nationaux, de l’efficacitĂ© votes Ă  la majoritĂ© qualifiĂ©e et des relations extĂ©rieures. Il entend renforcer par diverses mesures le poids, la cohĂ©rence et les moyens de l’exĂ©cutif, cest-Ă -dire faciliter sa gouvernance. Peut-on dire que, si ce traitĂ© entrait en vigueur, nous serions mieux armĂ©s pour faire face Ă  des crises comme celle que nous connaissons ? À nouveau il faut, pour rĂ©pondre, examiner les deux branches de l’exĂ©cutif. 38La Commission sort incontestablement perdante du compromis trouvĂ© au Conseil europĂ©en de dĂ©cembre 2008. Une partie du prix qu’il a fallu payer pour la tenue d’un nouveau rĂ©fĂ©rendum en Irlande payĂ© sans garantie de rĂ©sultat est le maintien indĂ©fini de la rĂšgle d’un commissaire par État, cest-Ă -dire d’une Commission plĂ©thorique. À partir de lĂ  s’enclenche un engrenage dont nous avons eu la dĂ©monstration sous nos yeux 39Le maintien de cette rĂšgle fait que les commissaires sont perçus, et se perçoivent, comme reprĂ©sentant » l’État membre dont ils sont issus. Il devient impossible dĂšs lors de voter au sein du collĂšge. La disparitĂ© des États reprĂ©sentĂ©s est si grande qu’un vote non pondĂ©rĂ© manquerait de lĂ©gitimitĂ©. La Commission Barroso sera sans doute la premiĂšre Ă  clĂŽturer son mandat sans avoir jamais votĂ©. 40Faute de pouvoir voter, il faut dĂ©cider par consensus. Dans un groupe aussi large, il n’est pas facile Ă  atteindre, et la Commission reste en consĂ©quence facilement inactive. D’autre part, pour vaincre l’immobilisme, la tendance naturelle est de renforcer l’autoritĂ© du prĂ©sident, et donc d’évoluer vers un systĂšme prĂ©sidentiel. Ces deux tendances sont manifestes dans la Commission actuelle. 41Le prĂ©sident a plutĂŽt avantage, dans sa recherche du consensus, Ă  parler aux chefs de gouvernement, qu’il rencontre rĂ©guliĂšrement au Conseil europĂ©en, plutĂŽt qu’à leurs reprĂ©sentants » au sein de la Commission. La collĂ©gialitĂ© disparaĂźt. Comme il ne peut pas parler de tout Ă  tous, il choisit naturellement de parler surtout aux grands États, renforçant ainsi la tendance, bien Ă©vidente, vers un directoire » de ceux-ci. Il est aujourd’hui implicitement admis que la Commission ne fait pas de proposition lorsqu’un des grands États est notoirement opposĂ© Ă  cette initiative. 42Ces considĂ©rations ne sont pas formulĂ©es dans un esprit critique. Sur la base du systĂšme existant, l’engrenage indiquĂ© est inĂ©vitable ; il aboutit parfois mĂȘme Ă  un moindre mal. C’est le systĂšme qu’il aurait fallu changer ! Mais l’analyse explique bien pourquoi, Ă  la seule exception honorable des pays Benelux, il a Ă©tĂ© si facile de trouver, en dĂ©cembre dernier, un consensus sur le maintien d’un commissaire par État, rĂšgle qu’on avait auparavant dĂ©cidĂ© d’abandonner. Avec une Commission plĂ©thorique, les petits pays sont heureux de conserver l’apparence du pouvoir et de l’influence, et les grands satisfaits d’en dĂ©tenir la rĂ©alitĂ©. 43Toujours est-il que personne ne s’attend Ă  ce que l’entrĂ©e en vigueur du traitĂ© de Lisbonne renforce le rĂŽle de la Commission dans la gouvernance europĂ©enne [26]. Qu’en est-il du Conseil ? 44Le traitĂ© de Lisbonne modifie en profondeur son mode de fonctionnement en crĂ©ant des prĂ©sidences semi-permanentes pour le Conseil europĂ©en et le Conseil Relations extĂ©rieures », en faisant du Haut ReprĂ©sentant pour la PESC un vice-prĂ©sident de la Commission, et en le dotant d’un service extĂ©rieur commun. De plus, le TraitĂ© Ă©tend le champ de la majoritĂ© qualifiĂ©e. Ces innovations ont pour but dĂ©clarĂ© de renforcer la capacitĂ© de gouvernance du Conseil. 45Ce but sera-t-il atteint ? Il est Ă©videmment impossible de rĂ©pondre aussi longtemps que le TraitĂ© n’est pas entrĂ© en vigueur. Des interrogations subsistent cependant, surtout autour du trio de tĂȘte [27]. Des tensions semblent inĂ©vitables entre le prĂ©sident du Conseil europĂ©en et le prĂ©sident de la Commission, entre ce dernier et son puissant vice-prĂ©sident, entre le Haut ReprĂ©sentant et le prĂ©sident du Conseil europĂ©en. Il y a beaucoup d’ambiguĂŻtĂ©s dans les textes, en particulier en ce qui concerne les relations extĂ©rieures. On peut se demander si le prĂ©sident du Conseil europĂ©en – qui par dĂ©finition ne sera plus chef de gouvernement –, aura l’autoritĂ© politique et morale requise, Ă  ce niveau, pour faire avancer les dossiers et obtenir des dĂ©cisions, alors qu’il n’aura plus derriĂšre lui le poids de son pays et de sa fonction. 46L’avenir seul montrera si ces prĂ©occupations sont justifiĂ©es. Tout ce qu’on peut conclure Ă  prĂ©sent, c’est qu’il n’est pas certain que le traitĂ© de Lisbonne amĂ©liore substantiellement la gouvernance europĂ©enne, ni par la voie de la Commission ni par celle du Conseil. 47*** 48Comme toute sĂ©quence politique importante, la prĂ©sidence française relĂšve de plusieurs lectures possibles, non pas tant en ce qui la concerne en elle-mĂȘme qu’en ce qui concerne les tendances institutionnelles sous-jacentes mises en lumiĂšre et qui rĂ©gissent la gouvernance de l’Union. 49Pour Jean-Dominique Giuliani [28], il s’agit d’une pratique nouvelle des institutions. Le prĂ©sident a bousculĂ© les canons de la politique europĂ©enne en multipliant les prises de position fermes et en instaurant des rapports de force avec ses partenaires. Les Ă©quilibres institutionnels de l’Union Ă©voluent, alors que la politique reprend ses droits. Le Parlement europĂ©en confirme son influence et fait preuve de son utilitĂ© pendant que la Commission est dĂ©fiĂ©e par le nouvel Ă©quilibre politique ». En partie similaire est l’analyse de Jean-Louis Bourlanges, qui estime que le prĂ©sident a fracturĂ© cet univers byzantin [en] faisant enfin entrer de la politique dans la discussion [29] ». 50Pierre Defraigne invite Ă  une autre lecture. Selon lui, l’Union a Ă©tĂ© mise sur une mauvaise orbite. Elle est dĂ©sormais invitĂ©e Ă  puiser son dynamisme dans l’intergouvernemental et, comme le consensus Ă  27 est impossible, c’est le directoire des grands États qui va piloter l’attelage en bousculant les petits. Cette voie est une impasse [30] ». De mĂȘme, Pierre Moscovici suggĂšre que le prĂ©sident croit plus aux petits comitĂ©s qu’aux institutions et qu’il privilĂ©gie une vision intergouvernementale de l’Europe et une vision de directoire, dont la convocation inutile d’un G4 Ă  Paris, le 4 octobre, constitue un exemple frappant. 51Il est clair que la rĂ©ussite de la prĂ©sidence française ne doit pas occulter la faiblesse rĂ©elle et inquiĂ©tante du pouvoir exĂ©cutif dans l’UE. On peut discuter longuement des causes de cette situation. Des tensions entre États membres, et entre institutions, ont jouĂ© leur rĂŽle. Mais la rĂ©ticence des États, aujourd’hui manifeste, Ă  de nouveaux transferts de souverainetĂ© et mĂȘme au fait de permettre aux institutions communes de fonctionner dans les conditions d’indĂ©pendance prĂ©vues par les traitĂ©s, est sĂ»rement une cause centrale de cette faiblesse. On ne voit pas ce que le traitĂ© de Lisbonne pourra y changer. 52S’adressant au Parlement europĂ©en Ă  Strasbourg le 16 dĂ©cembre, le prĂ©sident Sarkozy dĂ©clarait On ne construira pas l’Europe contre les États ». Il a sĂ»rement raison. Personne d’ailleurs n’avait vraiment proposĂ© de faire cela. Mais il ne faudrait pas conclure de cette affirmation qu’on pourra construire l’Europe avec les seuls gouvernements. En Europe, l’expĂ©rience d’un demi-siĂšcle d’intĂ©gration montre le contraire. Les expĂ©riences similaires tentĂ©es ailleurs dans le monde ont toutes Ă©chouĂ©, le plus souvent faute d’un appareil institutionnel solide. En rĂ©flĂ©chissant sur le long terme, au-delĂ  d’une prĂ©sidence semestrielle, si brillante soit elle, on en revient toujours Ă  l’une des citations de Jean Monnet les plus frĂ©quemment utilisĂ©es Rien n’est possible sans les hommes, rien n’est durable sans les institutions ». Et la gouvernance se joue dans la durĂ©e. Notes [1] F. Braudel Civilisation matĂ©rielle, Économie et Capitalisme, xv e-xviii e siĂšcles. Tome III, le temps du monde, Paris, Armand Colin, 1979, p. 227 sqq retrace l’histoire des crises 1763-1783 qui ont conduit au transfert du centre de l’économie mondiale d’Amsterdam Ă  Londres. Cette description trouve un Ă©cho saisissant dans les Ă©vĂ©nements des derniers mois. [2] Intervention de Ch. Noyer au cours d’un colloque sur les marchĂ©s financiers, Tokyo, 17 novembre 2008. D’autres analyses font remonter le dĂ©but de la crise Ă  la faillite de deux hedge funds de Bear Stearns, le 20 juin 2007. [3] N. Sarkozy, Discours au Parlement europĂ©en », Strasbourg, 16 dĂ©cembre 2008. [4] Rapport final du ComitĂ© des sages sur la rĂ©gulation des marchĂ©s europĂ©ens des valeurs mobiliĂšres , prĂ©sidĂ© par A. Lamfalussy , 15 fĂ©vrier 2001. [5] N. VĂ©ron, Is Europe Ready for a Major Banking Crisis? , Bruxelles, Institut Bruegel, Bruegel Policy Brief », n? 3, aoĂ»t 2007. [6] Document 11018/1/08. Il s’agit du paragraphe [43], sur un total de 78. [7] Éditorial, Le Monde, 18 dĂ©cembre 2008. [8] The Economist, 18 dĂ©cembre 2008. [9] J. Thornill, Financial Times, 24 dĂ©cembre 2008. [10] Commision europĂ©enne, Gouvernance europĂ©enne un Livre blanc, Bruxelles, COM2001 428 final, 25 juillet 2001, p. 9, note [1]. [11] Rapport sur la transparence des fonds spĂ©culatifs A6-0296/2008, rapporteur Klaus Heiner Lehne et Rapport sur les fonds alternatifs et les fonds de capital-investisement A6-0338/2008, rapporteur Poul Nyrup Rasmussen. [12] Altman, The Great Crash 2008 A Geopolitical Setback for the West », Foreign Affairs , vol. 88, n? 1, janvier-fĂ©vrier, 2009, p. 8. [13] DĂ©claration des trustees de Friends of Europe, prĂ©sidĂ©s par Étienne Davignon, le 9 dĂ©cembre 2008. [14] MentionnĂ© par A. Lamfalussy lors de son intervention Ă  l’Euro 50 Group, Banque de France, 3 octobre 2008. [15] ComposĂ© des ministres de lÉconomie et des Finances des États membres, ainsi que, lorsque des questions budgĂ©taires sont Ă  lordre du jour, des ministres compĂ©tents en matiĂšre de budget, l’ECOFIN se rĂ©unit une fois par mois. Il couvre nombre d’aspects de la politique de lUE, tels que la coordination de la politique Ă©conomique, la surveillance Ă©conomique, le contrĂŽle de la politique budgĂ©taire et des finances publiques des États membres, leuro questions juridiques, pratiques et internationales, les marchĂ©s financiers ainsi que les mouvements de capitaux et les relations Ă©conomiques avec les pays tiers [NDLR]. [16] DĂ©claration du 8 octobre 2008, texte complet disponible sur . [17] Un besoin d’Union face Ă  la crise », Le Monde, 11 dĂ©cembre 2008. [18] CEPS, Notre Europe, European Policy Center EPC et Institut Bruegel, Open Letter to the European Council, Bruxelles, 11-12 dĂ©cembre 2008. [19] Document COM2008 800 final. [20] ExposĂ© introductif Ă  l’audition par la Commission des Finances, 27 fĂ©vrier 2008. [21] Cf. note [5]. [22] K. Lannoo, Concrete Steps towards More Integrated Financial Oversight The EU’s Policy Response to the Crisis », Londres, CEPS, Task Force Report », n? 1, dĂ©cembre 2008. [23] Discours du prĂ©sident Sarkozy au Parlement europĂ©en, 16 dĂ©cembre 2008. [24] Interview, LibĂ©ration, 27 dĂ©cembre 2008. [25] Le rĂŽle des pays du Benelux dans la construction europĂ©enne est souvent passĂ© sous silence par les Français et plus encore par les Anglais. Nous rappellerons ici le rĂŽle de Paul-Henri Spaak et de Johan W. Beyen dans la nĂ©gociation du traitĂ© de Rome, le MĂ©morandum Benelux au dĂ©part de la nĂ©gociation d’Amsterdam, et plusieurs contributions Ă  la Convention autour desquelles se sont cristallisĂ©es les positions de pays de taille similaire. [26] PrĂ©vue initialement pour le 1er janvier 2009 mais n’ayant pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©e, lentrĂ©e en vigueur du traitĂ© de Lisbonne a Ă©tĂ© reportĂ©e par le Conseil europĂ©en des 11 et 12 dĂ©cembre 2008 et doit avoir lieu d’ici la fin de l’annĂ©e 2009. Il en dĂ©coule certaines difficultĂ©s pour les Ă©lections europĂ©ennes, le renouvellement de la Commission et le choix du futur prĂ©sident stable » du Conseil europĂ©en [NDLR]. [27] Sur les difficultĂ©s prĂ©visibles de la prĂ©sidence, voir EPC, Egmont et CEPS, The Treaty of Lisbon Implementing the Institutional Innovations, Bruxelles, novembre 2007, p. 41 sqq . [28] Lettre de la Fondation Robert Schuman, 15 dĂ©cembre 2008. [29] Interview, Figaro Magazine, 27 dĂ©cembre 2008. [30] La Libre Belgique, 31 dĂ©cembre 2008. SecuPressVous n’ĂȘtes pas autorisĂ© Ă  accĂ©der Ă  lĂ  page enregistrĂ©s Votre IP 16 August 2022 1941Raison Mauvaise GĂ©olocalisationSupport ID N° 1-2008 N° 3-2008 Éditorial Et si on laissait faire le marchĂ© ? mai 2008 Claude Lucas de Leyssac University of Paris I PanthĂ©on-Sorbonne France 5 contributions 24189 visites The Attali Report An Italian point of view mai 2008 Alberto Heimler Scuola Nazionale dell’Amministrazione 3 contributions 14206 visites Interview Marie-Dominique Hagelsteen CE Pourquoi la nĂ©gociabilitĂ© ? mai 2008 Marie-Dominique Hagelsteen French State Council Paris France 6 contributions 44691 visites Laurence Idot UniversitĂ© Paris II PanthĂ©on-Assas - ValĂ©rie Michel-Amsellem Cour de cassation - Robert Saint-Esteben ... mai 2008 Laurence Idot University Paris-PanthĂ©on-Assas France 121 contributions 287462 visites , ValĂ©rie Michel-Amsellem Paris Court of Appeal France 39 contributions 164634 visites , Robert Saint-Esteben Bredin Prat Paris France 6 contributions 27969 visites 
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 SociĂ©tĂ© L'ex-patron du groupe de construction a demandĂ© vendredi devant le tribunal de commerce de Nanterre une indemnisation record Ă  son ancienne entreprise, qu'il accuse de l'avoir privĂ© d'une partie de ses stock-options. C'est devant un auditoire clairsemĂ© que se dĂ©roulait, au tribunal de commerce de Nanterre Hauts-de-Seine, vendredi 28 mars, le nouvel Ă©pisode de la guerre que se livrent le numĂ©ro un mondial du BTP, Vinci, et son ancien prĂ©sident, Antoine Zacharias. Ce dernier est venu, depuis sa retraite suisse, rĂ©clamer 81 millions d'euros, reprĂ©sentant le bĂ©nĂ©fice des stocks-options qu'il n'a pu exercer depuis son dĂ©part. L'ex-patron de Vinci avait en effet brutalement dĂ©missionnĂ© de la prĂ©sidence de l'entreprise, lors d'un conseil d'administration, le 1er juin 2006, devant le refus de neuf administrateurs sur seize de licencier son numĂ©ro deux, Xavier Huillard. Le conflit avait dĂ©butĂ© le 9 janvier prĂ©cĂ©dent, lorsque fut Ă©voquĂ©e la proposition d'accorder Ă  M. Zacharias une prime de 8 millions d'euros aprĂšs le rachat rĂ©ussi d'Autoroutes du Sud de la France ASF, rĂ©cemment privatisĂ©e. Dans une lettre du 9 fĂ©vrier, Xavier Huillard, alors directeur gĂ©nĂ©ral, osait s'Ă©lever contre cette Ă©ventualitĂ© et lui Ă©crivait "Vous avez 
 dĂ©cidĂ© de faire valoir vos droits Ă  la retraite [de la fonction de directeur exĂ©cutif, ne conservant que la prĂ©sidence] et de dĂ©clencher, dĂ©but 2006, le rĂšglement d'un package de plus de 50 millions d'euros qui se situe Ă  des niveaux oĂč l'Ă©motion incontrĂŽlable de l'opinion publique peut prendre le pas sur le rationnel. Je suis convaincu 
 qu'une prime ASF 
 vous ferait et ferait courir Ă  Vinci un trĂšs important risque de dĂ©stabilisation." A compter de cette lettre, les deux dirigeants de Vinci, pourtant collaborateurs de longue date, ne se sont plus adressĂ© la parole. "VOLTE-FACE SURPRENANTE" La guerre de pouvoir s'achĂšvera, contre toute attente, par le maintien de Xavier Huillard au poste de directeur gĂ©nĂ©ral, ce qui provoque la dĂ©mission de M. Zacharias. Il refuse mĂȘme un siĂšge de prĂ©sident d'honneur et est immĂ©diatement remplacĂ© Ă  la prĂ©sidence par Yves-Thibault de Silguy. Mais le 12 juin 2006, par "une volte-face surprenante", selon Me Georges Jourde, avocat de Vinci, M. Zacharias se ravise et maintient qu'il est toujours administrateur du groupe et, Ă  tout le moins, de quatre sociĂ©tĂ©s filiales, Vinci Concessions, Vinci Allemagne, Vinci Royaume-Uni et Vinci Park, tous mandats dont il est rĂ©voquĂ© le 7 juillet suivant. N'Ă©tant plus mandataire social ni salariĂ©, la direction de Vinci estime dĂšs lors qu'il n'a plus droit Ă  ses stock-options. Pour justifier sa demande d'aujourd'hui, Me Georges Terrier, avocat de M. Zacharias, affirme que sa rĂ©vocation n'a pas Ă©tĂ© motivĂ©e par une faute grave mais par la seule volontĂ© de le priver de ses avantages, et rappelle "les performances exceptionnelles rĂ©alisĂ©es par Vinci" sous la prĂ©sidence de son client, entre 1997 et 2006 un chiffre d'affaires multipliĂ© par quatre et une valeur boursiĂšre dĂ©cuplĂ©e. "Nul ne conteste que M. Zacharias a Ă©tĂ© l'artisan de la crĂ©ation de valeur de Vinci, mais il n'est pas le seul, puisqu'il y a 160 000 collaborateurs, et il a Ă©tĂ© confortablement rĂ©munĂ©rĂ© pour cela", a rĂ©torquĂ© Me Jourde, rappelant le dernier salaire annuel de M. Zacharias de 4,3 millions d'euros, la prime de dĂ©part Ă  la retraite de 12,8 millions d'euros, une retraite garantie de la moitiĂ© de son dernier salaire, soit 2,5 millions d'euros par an, des jetons de prĂ©sence et des plus-values sur 12 millions d'actions, Ă©valuĂ©es Ă  260 millions d'euros. Le procureur de la RĂ©publique a souhaitĂ© recentrer le dĂ©bat, en excluant toute question morale "Il ne s'agit pas de contester la rĂ©munĂ©ration des mandataires sociaux 
, mĂȘme si elle peut paraĂźtre indĂ©cente aux yeux de certains salariĂ©s 
, ni d'apprĂ©cier le travail de M. Zacharias 
. La vraie question est de savoir s'il peut prĂ©tendre bĂ©nĂ©ficier de ces stocks-options en cas de rupture du mandat social. Pour moi, la rĂ©ponse est non." A son avis, "le conseil d'administration a le pouvoir de rĂ©voquer les administrateurs ad nutum [Ă  tout moment, sans motif ni formalitĂ©s]" et "c'est peut-ĂȘtre son rĂŽle d'empĂȘcher une personne physique de s'enrichir au dĂ©triment de l'entreprise". Jugement le 30 mai. Isabelle Rey-Lefebvre Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

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