LaCommission européenne indique s'attendre à une perte de 8,5 millions d'emplois en 2009 et en 2010 dans l'UE. Elle table sur une forte hausse du taux de chÎmage à 9,9 % en zone euro cette année, puis à 11,5 % en 2010, avec des pointes à 20,5
PubliĂ©le 27 juin 2008 Une cĂ©rĂ©monie a eu lieu en la prĂ©sence de la ministre de l'Ăconomie Christine Lagarde, du prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral de La Monnaie de Paris Christophe Beaux et du designer français Philippe Starck pour procĂ©der Ă la premiĂšre frappe de la piĂšce commĂ©morative de 2 euros dessinĂ©e Ă lâoccasion de la PrĂ©sidence française du Conseil de lâUnion europĂ©enne.
Le rapprochement entre lâUE et IsraĂ«l est gelĂ© », titre Le Ricard, 28 avril). « Les Vingt-Sept posent comme prĂ©alables au renforcement de leurs relations avec IsraĂ«l la relance du processus de paix et un engagement en faveur de la crĂ©ation dâun Etat palestinien.ActĂ©e sous prĂ©sidence française de lâUnion europĂ©enne (UE), en dĂ©cembre 2008, la
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Lesrecommandations formulĂ©es par les citoyens, en France et en Europe, nourrissent les prioritĂ©s de la prĂ©sidence française du Conseil de lâUnion europĂ©enne. Les travaux de la ConfĂ©rence sur lâavenir de lâEurope se concluront au printemps 2022, pendant la PFUE. Les citoyens seront informĂ©s des suites qui leurs seront donnĂ©s.
ybce. Cet article date de plus de dix ans. La Cour des Comptes vient de rendre un rapport sur le coĂ»t de la prĂ©sidence française de lâUnion au dernier semestre 2008. On y apprend quâentre juillet et dĂ©cembre 2008, la France a dĂ©pensĂ© prĂšs de 175 millions dâeuros. La cour des comptes pointe notamment du doigt le sommet de lâUnion pour la MĂ©diterranĂ©e. Il sâest tenu en juillet 2008 au Grand Palais Ă Paris. CoĂ»t de cette seule journĂ©e environ 16,6 millions dâeuros ! Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 01/11/2011 2300 Mis Ă jour le 02/05/2014 1226 Temps de lecture 2 min. CâĂ©tait le grand projet de Nicolas Sarkozy le sommet de lâUnion pour la MĂ©diterranĂ©e. Une rĂ©union avec les dirigeants de 44 pays, le dimanche 13 juillet au Grand Palais Ă Paris. _ Parmi les invitĂ©s prĂ©sents le prĂ©sident syrien Bachar Al Assad et le premier ministre israĂ©lien Ehoud Olmert. Trois heures de rencontre pour un coĂ»t total de 16,6 millions dâeuros ! Câest la cour des comptes qui le dit dans un rapport. 1 million euros rien que pour le dĂźner ! On aurait mĂȘme installĂ© une douche pour le chef de lâEtat pour un prix de euros. Le porte-parole du Quai D'Orsay, Bernard Valero souligne que la France ne dispose plus Ă Paris de centre de confĂ©rences internationales. âFaute d'infrastructure dĂ©diĂ©e dans la capitale, nous avons dĂ» amĂ©nager, de maniĂšre ponctuelle et provisoire, un site d'accueil, le Grand Palais. Dans ce contexte, les frais engagĂ©s ont Ă©tĂ© plus importants,â explique le porte-parole du Quai d'Orsay. _ Pour tenter de justifier cette somme astronomique, Bernard Valero rappelle lâampleur âinĂ©diteâ de ce sommet avec 44 chefs d'Etat et de gouvernement et journalistes accrĂ©ditĂ©s. âPar son ampleur, le caractĂšre irrĂ©gulier des procĂ©dures suivies et son impact massif pour les finances publiques, ce sommet constituera une forme de record â, observe la Cour des comptes. Une douche froide pour les finances publiques _ De son cĂŽtĂ©, le dĂ©putĂ© apparentĂ© socialiste RenĂ© DosiĂšre dĂ©nonce des âdĂ©penses incroyables, insupportables et inacceptables â. Il fustige notamment âun dĂźner des chefs d'Etat pour un coĂ»t de euros par personneâ, et âl'installation d'une douche Ă l'usage du prĂ©sident, pour un prix de eurosâ. InterrogĂ© sur la facture de cette douche, Eric Woerth a rĂ©torquĂ© âce serait scandaleux si c'Ă©tait vrai, mais c'est faux!.â Pour lui, la France a dĂ©pensĂ© moins qu'initialement prĂ©vu pour assurer la prĂ©sidence de l'Union europĂ©enne en 2008 et ân'a pas Ă rougirâ de son coĂ»t. _ Selon le ministre du Budget, la somme citĂ©e par RenĂ© DosiĂšre correspond au montant total de l'amĂ©nagement du Grand Palais nĂ©cessaire Ă l'organisation du Sommet de l'Union de la MĂ©diterranĂ©e, dans le cadre de la prĂ©sidence de l'UE. _ Ce rapport de la cour des comptes souligne d'une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale que pendant la prĂ©sidence de lâUnion EuropĂ©enne, la France a dĂ©pensĂ© prĂšs de 175 millions dâeuros, soit prĂšs dâun million par jour. Une facture plutĂŽt salĂ©e, pour seulement 6 mois ! En 2000, Jacques Chirac avait dĂ©pensĂ© 114 millions d'euros de moins. MikaĂ«l Roparz Prolongez votre lecture autour de ce sujet tout l'univers Politique Vu d'Europe Franceinfo sĂ©lectionne chaque jour des contenus issus de mĂ©dias audiovisuels publics europĂ©ens, membres de lâEurovision. Ces contenus sont publiĂ©s en anglais ou en français.
1LâentitĂ© politique créée en un demi-siĂšcle par la volontĂ© dâintĂ©gration de certains pays europĂ©ens est dâune grande originalitĂ©. Rien de semblable nâexiste ailleurs, ni nâa existĂ© dans le passĂ©. Câest une banalitĂ© de le dire. BanalitĂ© aussi de constater que la gouvernance de cette entitĂ© politique est en permanente mutation. LâUnion europĂ©enne UE ne se gouverne pas aujourdâhui comme lâon gouvernait la CommunautĂ© des pĂšres fondateurs, ni mĂȘme tout Ă fait comme la Commission europĂ©enne CE quâa dirigĂ©e Jacques Delors pendant une dĂ©cennie, ce qui infirme dâailleurs certaines comparaisons. Au dĂ©part, la volontĂ© dâexercer une souverainetĂ© partagĂ©e â en donnant progressivement des pouvoirs rĂ©els Ă des institutions indĂ©pendantes â Ă©tait forte. Elle sâest longtemps maintenue, puis affaiblie. Aujourdâhui, elle est simplement absente la majoritĂ© des Ătats membres nâenvisagent pas de revenir en arriĂšre, mais plus personne â ou presque â ne veut de nouveaux transferts de souverainetĂ©. LâencĂ©phalogramme est plat. La bicyclette sâest arrĂȘtĂ©e, sans dâailleurs que le cycliste tombe, la politique nâĂ©tant pas gouvernĂ©e par les lois de la mĂ©canique. 2Cette mutation de la gouvernance europĂ©enne nâest pas Ă©tonnante en elle-mĂȘme. La France dâaujourdâhui ne se gouverne pas comme celle des annĂ©es 1950, ni mĂȘme tout Ă fait comme celle du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Quant Ă la Belgique, autre exemple, son systĂšme politique est entiĂšrement diffĂ©rent de celui que nous connaissions il y a cinquante ans. Pourquoi lâEurope Ă©chapperait-elle Ă un phĂ©nomĂšne aussi rĂ©pandu ? 3Mais le fait dâĂȘtre en permanente mutation nâest pas sans consĂ©quence. Aujourdâhui, nous subissons une crise qui touche le monde financier, lâĂ©conomique, le social, lâidĂ©ologique, lâĂ©thique, cest-Ă -dire une crise politique au sens large et noble de ce terme. Son impact sur une gouvernance en mutation ne se mesure pas Ă lâaune de quelques semaines, ou de quelques mois. Il relĂšve plutĂŽt des phĂ©nomĂšnes de longue durĂ©e, chers Ă Fernand Braudel [1]. Au minimum, il faudrait se donner le recul de lâhorizon politique qui, dans une dĂ©mocratie, tourne en moyenne autour de cinq ans. 4Il y a donc tĂ©mĂ©ritĂ© Ă vouloir parler maintenant des effets de la crise Ă©conomique et financiĂšre sur la gouvernance europĂ©enne. Mais comme nul ne peut donner dâassurance sur la durĂ©e et lâampleur des problĂšmes, un point provisoire peut sâavĂ©rer utile, sachant que, demain, ces vues devront ĂȘtre rĂ©visĂ©es. Quand commence la crise ? 5Pour les observateurs avertis, la crise monĂ©taire et financiĂšre est Ă lâĆuvre depuis bien plus dâun an. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, le confirmait rĂ©cemment On peut en dater le dĂ©but [du] mois dâaoĂ»t 2007, quand des perturbations sĂ©vĂšres sont apparues sur le marchĂ© interbancaire [2]». Mais lâopinion publique europĂ©enne nâen a perçu le risque que beaucoup plus tard, ayant longtemps cru que la crise des prĂȘts hypothĂ©caires aux Ătats-Unis resterait gĂ©ographiquement localisĂ©e dans ses effets, comme dâautres crises lâavaient Ă©tĂ© dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes. 6Lâhomme de la rue, qui a toujours du mal Ă visualiser la mondialisation et pour qui les problĂšmes de liquiditĂ©s interbancaires sont largement incomprĂ©hensibles, ne percevait, et ne perçoit sans doute toujours pas vraiment que lâintĂ©gration financiĂšre a atteint un tel degrĂ© quâau niveau mondial, les interconnexions sont multipliĂ©es et lâinterdĂ©pendance des marchĂ©s et des institutions gĂ©nĂ©ralisĂ©e. 7La premiĂšre alerte, perçue comme telle par une seule part de lâopinion, survient le 9 aoĂ»t 2007, quand BNP Paribas suspend les transactions sur deux de ses hedge funds en difficultĂ©, et que les banques centrales, y compris la Banque centrale europĂ©enne BCE, doivent injecter massivement des liquiditĂ©s dans le systĂšme financier. Le sentiment dâune catastrophe imminente ne se rĂ©pand cependant que bien plus tard, avec les rĂ©percussions mondiales de la faillite de la banque Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. Câest bien la date que le prĂ©sident Sarkozy assigne au dĂ©but de la crise financiĂšre systĂ©mique [3]. 8Il est vrai que des sages avaient depuis longtemps signalĂ© les risques encourus. DĂšs 2001, ils disaient notamment lâintĂ©gration accrue des marchĂ©s de valeurs mobiliĂšres implique une plus grande interconnexion de maniĂšre transfrontaliĂšre [âŠ] qui augmente leur exposition commune Ă des chocs financiers [4] ». En aoĂ»t 2007, lâInstitut Bruegel, think tank bruxellois spĂ©cialisĂ© dans les questions Ă©conomiques et financiĂšres internationales, publiait une Ă©tude intitulĂ©e Is Europe Ready for a Major Banking Crisis? [5] 9Les 19 et 20 juin 2008, les dĂ©bats du Conseil europĂ©en rĂ©uni Ă Bruxelles ont Ă©tĂ© dominĂ©s par les consĂ©quences du Non irlandais au traitĂ© de Lisbonne. Ses conclusions sâĂ©tendent aussi aux domaines de la libertĂ©, de la sĂ©curitĂ© et de la justice, Ă la hausse des prix alimentaires et du pĂ©trole, ainsi quâĂ la situation dans les Balkans occidentaux. Un paragraphe unique est consacrĂ© aux marchĂ©s financiers. Le Conseil europĂ©en constate que les marchĂ©s financiers internationaux montrent des signes de stabilisation, mais que la situation gĂ©nĂ©rale demeure fragile. Le plan de travail global actualisĂ©, adoptĂ© en octobre dernier en rĂ©action aux turbulences survenues sur les marchĂ©s financiers, est en cours de mise en Ćuvre comme prĂ©vu et devrait ĂȘtre menĂ© Ă bien pour la fin de 2008 » [6]. Ce nâest pas lĂ vraiment une atmosphĂšre de crise⊠10De cette analyse ressort que, pour lâopinion publique, la question de la gouvernance europĂ©enne dans la crise ne sâest posĂ©e quâau cours du deuxiĂšme semestre 2008, au moment oĂč la France exerçait la prĂ©sidence de lâUE. Il est donc lĂ©gitime de poursuivre notre rĂ©flexion par un regard jetĂ© sur cette prĂ©sidence. La prĂ©sidence française 11LâannĂ©e 2008 sâest terminĂ©e dans un concert dâĂ©loges Ă lâĂ©gard de la prĂ©sidence en exercice. Ces applaudissements viennent de tous horizons politiques, y compris de secteurs qui ne peuvent ĂȘtre suspectĂ©s de partialitĂ© en faveur du prĂ©sident de la RĂ©publique française. Pour le journal Le Monde, M. Sarkozy a fait preuve dâun savoir-faire et dâune Ă©nergie qui lui valent aujourdâhui, non sans raison, un concert de louanges [7] ». M. Sarkozy se plaĂźt Ă lâadversitĂ©, et la tranquillitĂ© lâennuie [8] ». Au Parlement europĂ©en, les compliments proviennent de sources aussi diverses que Francis Wurtz, prĂ©sident du groupe communiste, ou Andrew Duff qui, tout en Ă©tant dĂ©putĂ© britannique, est prĂ©sident de lâUnion des FĂ©dĂ©ralistes europĂ©ens UEF. Dans un raccourci teintĂ© dâironie, un journaliste du Financial Times Ă©crit Les six mois de la prĂ©sidence française de lâUE ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s comme triomphe, dâabord par la voix de Nicolas Sarkozy lui-mĂȘme, mais aussi par quelques autres » [9]. 12Toute prĂ©sidence europĂ©enne sĂ©rieuse se fonde sur un programme soigneusement prĂ©parĂ©, souvent longtemps Ă lâavance, et trĂšs rĂ©guliĂšrement bouleversĂ© par des Ă©vĂ©nements inattendus. Elle est donc jugĂ©e sur sa capacitĂ© Ă rĂ©aliser son programme et, en mĂȘme temps, Ă faire face Ă lâimprĂ©visible. 13La prĂ©sidence française avait prĂ©vu de sâoccuper de politique agricole, dâunion mĂ©diterranĂ©enne, de changement climatique, dâasile et dâimmigration, de sĂ©curitĂ© commune. Dans chacun de ces domaines, des progrĂšs â plus ou moins importants selon les cas â ont en effet Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Cette prĂ©sidence ne pouvait Ă©videmment prĂ©voir dâavoir Ă sâoccuper du rĂ©fĂ©rendum perdu en Irlande sur le traitĂ© de Lisbonne, de lâaffrontement en GĂ©orgie ou de la brusque accĂ©lĂ©ration de la crise financiĂšre mondiale. Câest surtout dans ces derniers domaines que lâintervention dynamique du prĂ©sident Sarkozy a frappĂ© lâopinion. Sa prĂ©sence personnelle sur tous les fronts, sa volontĂ© Ă©vidente dâaboutir en bousculant au besoin les habitudes et les procĂ©dures, a Ă©tonnĂ© et convaincu. Les citoyens europĂ©ens ont eu lâimpression quâil y avait un pilote dans lâavion, impression dont il faut bien reconnaĂźtre quâelle est, au niveau europĂ©en, moins frĂ©quemment ressentie quâon pourrait le souhaiter. 14Pendant la prĂ©sidence française, lâUE a donc donnĂ© le sentiment dâĂȘtre gouvernĂ©e, et bien gouvernĂ©e. Est-elle, pour autant, assurĂ©e de sa gouvernance ? Pour rĂ©pondre Ă cette question, il faut sâentendre sur les mots. Pour le Petit Larousse , le gouvernement est lâorgane qui dĂ©tient le pouvoir exĂ©cutif ». Pour la Commission, qui a consacrĂ© un Livre blanc Ă la gouvernance europĂ©enne, celle-ci se dĂ©finit comme Ă©tant lensemble des rĂšgles, des procĂ©dures et des pratiques ayant trait Ă la maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s [10] ». 15La maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s dans lâUnion tient Ă©videmment aux institutions, et câest par elles quâil faut poursuivre lâanalyse. 16Il sâagit dâabord des institutions exĂ©cutives. Le Parlement europĂ©en ne sâest pas dĂ©sintĂ©ressĂ© de la crise, il en a traitĂ© au cours des auditions rĂ©guliĂšres du prĂ©sident de la BCE par la Commission Ă©conomique et financiĂšre â prĂ©sidĂ©e par Pervenche BerĂšs. En juin et en juillet 2008, il a adoptĂ© des rĂ©solutions demandant Ă la Commission dâintroduire des propositions lĂ©gislatives Ă©tablissant de nouvelles rĂšgles pour les marchĂ©s financiers [11]. Mais le Parlement est un pouvoir lĂ©gislatif, et la gestion de crise est essentiellement une responsabilitĂ© de lâexĂ©cutif qui, dans le cadre europĂ©en, est constituĂ© par la Commission et le Conseil. Sâagissant dâune crise du systĂšme financier, il est logique dâajouter Ă ces deux institutions la BCE, et peut-ĂȘtre mĂȘme de commencer par elle. La Banque centrale europĂ©enne 17Depuis sa crĂ©ation, la Banque centrale a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une institution sĂ©rieuse et respectable, mais lourde, conservatrice, obsĂ©dĂ©e par la courbe de lâinflation et dominĂ©e par la rĂšgle du consensus, bref manquant de lâagilitĂ© nĂ©cessaire pour faire face aux crises. Aux yeux de certaines capitales, elle paraissait en somme trop germanique » et les critiques Ă©taient nombreuses et rĂ©guliĂšres, en particulier Ă Paris. Ce que la crise a dĂ©montrĂ©, câest que ces critiques Ă©taient mal fondĂ©es. 18Le 9 aoĂ»t 2007, la BCE a procĂ©dĂ© en quelques heures Ă une injection massive de liquiditĂ©s dans le systĂšme bancaire. Cette action sâest poursuivie et renouvelĂ©e pendant des mois, souvent en concertation avec la Federal Reserve FED amĂ©ricaine et les banques centrales du Royaume-Uni, du Japon, de la Suisse, du Canada. De loin la plus lourde intervention monĂ©taire dans lâhistoire du monde » note un expert [12]. Avec ces mĂȘmes partenaires, elle dĂ©cide, le 8 octobre 2008, une rĂ©duction importante et concertĂ©e du taux de refinancement â un exercice collectif Ă©galement sans prĂ©cĂ©dent. Dans cette concertation internationale, câest souvent la BCE qui a pris lâinitiative et sâest montrĂ©e plus rapide, plus agile que les autres. Quand le gouvernement belge a dĂ» faire face Ă la dĂ©bĂącle de la banque Fortis, on a vu Jean-Claude Trichet apparaĂźtre dans les couloirs de Bruxelles et sur les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision. 19Lâaction de la BCE depuis le dĂ©but de la crise constitue, de lâavis gĂ©nĂ©ral, un parcours sans faute. Elle a Ă©videmment contribuĂ© Ă la bonne tenue de lâeuro, ce qui est un service inapprĂ©ciable Sans lâeuro, les ondes de choc de la crise se seraient propagĂ©es au marchĂ© des changes, crĂ©ant des tensions qui auraient renvoyĂ© lâintĂ©gration politique et Ă©conomique de lâEurope des annĂ©es en arriĂšre [13] ». Cette prĂ©sence de la BCE a contribuĂ© Ă affermir dans lâopinion le sentiment que lâUE Ă©tait gouvernĂ©e, et que lâautoritĂ© publique europĂ©enne abordait les problĂšmes de maniĂšre concertĂ©e et efficace. 20Ce rĂ©sultat nâest pas le fruit du hasard. La BCE avait organisĂ© en 2005 et 2006, avec la participation dâexperts extĂ©rieurs, des exercices de simulation de crise, une forme de kriegspiel financier, qui devait conduire Ă la mise en place dâun rĂ©seau de communication, et Ă une rĂ©partition des rĂŽles entre les diffĂ©rents acteurs [14], ce qui sâest rĂ©vĂ©lĂ© prĂ©cieux quand la fiction a fait place Ă la rĂ©alitĂ©. La Commission europĂ©enne 21Dans les premiers mois de la crise bancaire et financiĂšre, la Commission sâest dĂ©libĂ©rĂ©ment abstenue dâintervenir dans le dĂ©bat. 22Cette rĂ©ticence a Ă©tĂ© initialement justifiĂ©e par le fait quâelle nâavait ni la compĂ©tence ni les moyens budgĂ©taires dâintervenir dans une crise de ce type, ce qui est Ă la fois vrai et faux. Selon les traitĂ©s, la Commission ne dispose pas de compĂ©tence spĂ©cifique dans le domaine monĂ©taire, bancaire, ni pour la gestion macro-Ă©conomique. Il est aussi vrai que le budget de lâUnion, thĂ©oriquement fixĂ© au seuil dĂ©jĂ fort bas de 1,24 % du produit intĂ©rieur brut PIB de lâUE, est en fait rabotĂ© chaque annĂ©e par le Conseil Affaires Ă©conomiques et financiĂšres ECOFIN » [15], au point quâil nâatteindra en 2009 que 0,90 % de ce PIB. La marge de manĆuvre est donc quasi inexistante. En revanche, dans la structure institutionnelle de lâUE, la Commission a des compĂ©tences gĂ©nĂ©rales qui auraient pu, et dĂ», ĂȘtre utilisĂ©es celle dâexprimer et de dĂ©fendre lâintĂ©rĂȘt collectif face aux intĂ©rĂȘts nationaux, celle de proposer puis dâinitier des rĂ©glementations nouvelles lĂ oĂč elles sâavĂšrent nĂ©cessaires et celle dâappliquer le droit communautaire, avec certes la souplesse requise par une crise sans prĂ©cĂ©dent mais dans un esprit de non-discrimination que certains nâont guĂšre semblĂ© vouloir respecter. 23Une autre explication de cette rĂ©ticence se fonde sur lâargument que les Ătats membres ne souhaitaient manifestement pas que la Commission intervienne, parce quâils craignaient que son intervention ne conduise Ă terme Ă un transfert de compĂ©tences au niveau europĂ©en. La constatation est indiscutable. Les bureaucraties nationales, en particulier celles des Finances, dĂ»ment relayĂ©es au niveau du Conseil par leurs ministres respectifs, sâopposent depuis toujours Ă tout ce qui pourrait conduire Ă une diminution de leurs pouvoirs. Si, au cours des annĂ©es, la Commission les avait toujours Ă©coutĂ©es, il nây aurait aujourdâhui ni marchĂ© intĂ©rieur ni monnaie unique. Il y a lĂ sans doute une leçon Ă mĂ©diter. 24Cette absence relative de la Commission dans le dĂ©bat a Ă©tĂ© remarquĂ©e. Au cours de lâautomne 2008, des voix se sont Ă©levĂ©es pour demander quâelle reprenne son rĂŽle. Les trustees de Friends of Europe, prĂ©sidĂ©s par Ătienne Davignon, appellent la Commission europĂ©enne et son prĂ©sident, JosĂ© Manuel Barroso, Ă assumer le rĂŽle de direction et les responsabilitĂ©s qui appartiennent Ă cette institution [16] ». Le comitĂ© dâorientation de Notre Europe, qui rĂ©unit â sous la prĂ©sidence de Jacques Delors â des personnalitĂ©s de haut niveau de nombreux pays, souligne que la continuitĂ© et la cohĂ©rence de lâaction de lâUnion doivent ĂȘtre assurĂ©es par la Commission europĂ©enne [17] ». Ă la veille du Conseil europĂ©en de dĂ©cembre 2008, quatre think tanks europĂ©ens ont joint leurs voix pour demander notamment que la Commission Ă©labore un cadre commun pour des interventions dans le domaine financier [18]. 25Dans les derniers mois de 2008, la Commission a adoptĂ© une attitude plus proactive. Un sĂ©minaire consacrĂ© Ă ces questions sâest tenu au mois dâoctobre, rassemblant tous ses membres et des experts venus de lâextĂ©rieur. Le 26 novembre, elle a rendu public un plan europĂ©en pour la relance Ă©conomique qui a largement inspirĂ© les conclusions du Conseil europĂ©en de dĂ©cembre [19]. On peut discuter pour savoir si ce plan rĂ©pond ou non aux exigences du moment, mais le fait institutionnel est que, pour son Ă©laboration et son adoption, la Commission a jouĂ© le rĂŽle qui est le sien. 26Il reste que lUE ne sest toujours pas dotĂ©e dun systĂšme europĂ©en de contrĂŽle prudentiel sur les banques exerçant une activitĂ© transfrontaliĂšre, ce qui nuit Ă la crĂ©dibilitĂ© de son intervention, ou de celle des pays de lâeuro, au niveau mondial. 27Pourtant, de nombreuses voix autorisĂ©es sâĂ©lĂšvent en ce sens. Dans une intervention devant la commission des Finances de lâAssemblĂ©e nationale française, Alexandre Lamfalussy â dont lâexpĂ©rience et la sagesse sont reconnues par tous â, note quâaujourdâhui le trait dominant des marchĂ©s financiers est un haut degrĂ© dâopacitĂ©, mais que lâĂ©tablissement de plus de transparence â par la circulation dâinformations de nature prudentielle â, se heurte Ă beaucoup dâobstacles, de nature juridique ou autre [20]. Nicolas VĂ©ron, de lâInstitut Bruegel, proposait en aoĂ»t 2007 que les banques europĂ©ennes ayant une activitĂ© transfrontaliĂšre soient soumises Ă un rĂ©gime de rĂ©gulation et de supervision prudentielles au niveau de lâUE [21] ». Le Center for European Policy Studies CEPS propose la crĂ©ation dâun systĂšme europĂ©en de superviseurs financiers [22] ». Dans ce secteur, la gouvernance europĂ©enne est manifestement en dĂ©faut et le principe de subsidiaritĂ© est invoquĂ© Ă contresens. 28La prĂ©sidence française a fait un effort particulier pour associer la Commission Ă ses activitĂ©s. Nicolas Sarkozy a par exemple insistĂ© auprĂšs des Russes pour que le prĂ©sident Barroso participe Ă Moscou aux discussions cruciales sur la GĂ©orgie. Ce nâĂ©tait pas Ă©vident, et lâon doit sâen fĂ©liciter. Il reste, peut-ĂȘtre en raison du tempĂ©rament contrastĂ© des deux hommes, que le prĂ©sident de la Commission est souvent apparu comme lâadjoint, le collaborateur du prĂ©sident du Conseil europĂ©en. Tel nâest pourtant pas son rĂŽle institutionnel. 29La combinaison dâune activitĂ© rĂ©duite et dâun rĂŽle effacĂ©, au moins en apparence, a nui Ă lâimage de la Commission, particuliĂšrement dans les pays petits ou moyens qui voient traditionnellement dans cette institution un dĂ©fenseur de leurs intĂ©rĂȘts, et de lâintĂ©rĂȘt commun. Ă tort ou Ă raison, la contribution de la Commission Ă la gouvernance europĂ©enne dans la crise nâa pas Ă©tĂ© jugĂ©e dĂ©terminante. Le Conseil europĂ©en 30Il semble normal dâexaminer ensemble lâĆuvre du Conseil des ministres et celle du Conseil europĂ©en, mĂȘme si les juristes font une distinction entre ces deux instances. Câest sur la performance de cet ensemble au cours de la prĂ©sidence française, notamment face Ă la crise, que se concentrent les Ă©loges dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s. Laissons parler le prĂ©sident de la RĂ©publique française Dans la crise financiĂšre, lâEurope a Ă©tĂ© unie. LâEurope a demandĂ© le sommet de Washington, lâEurope a demandĂ© le G20 et lâEurope organisera Ă Londres, le 2 avril prochain, le Sommet de la rĂ©forme de la gouvernance mondiale. LâEurope a dit dâune seule voix quâelle voulait dâun capitalisme dâentrepreneurs et non pas dâun capitalisme de spĂ©culateurs, quâelle voulait la rĂ©forme du systĂšme financier, quâelle voulait une autre place pour les pays Ă©mergents, quâelle voulait la moralisation du capitalisme. [23] » LâEurope est passĂ©e de lâinfluence Ă la puissance », dit Jean-Pierre Jouyet, qui fut lâun des principaux artisans de cette prĂ©sidence [24]. 31Le succĂšs est indĂ©niable, trĂšs gĂ©nĂ©ralement reconnu. Mais du point de vue qui nous intĂ©resse ici, cest-Ă -dire celui de la gouvernance â la maniĂšre dont les pouvoirs sont exercĂ©s â, on peut se poser un certain nombre de questions. 32La premiĂšre, la plus Ă©vidente, tient au rĂŽle dĂ©terminant du prĂ©sident. Si on avait eu en France quelquâun dâautre que Nicolas Sarkozy, je ne suis pas certain quâon aurait rĂ©ussi de la mĂȘme façon », admet Jouyet. Combien de membres du Conseil europĂ©en partagent, au mĂȘme degrĂ©, la dynamique et le goĂ»t du risque du prĂ©sident français ? Si la prĂ©sidence avait Ă©tĂ© exercĂ©e par le chef du gouvernement dâun petit pays, aurait-il Ă©tĂ© reçu Ă Moscou au mois dâaoĂ»t pour parler de la GĂ©orgie ? Le propre des performances individuelles de haut niveau, sportives ou politiques, est dâĂȘtre difficiles Ă imiter et Ă reproduire. 33Au cours de cette pĂ©riode, Javier Solana, incarnation du Conseil comme institution et Haut ReprĂ©sentant pour la Politique Ă©trangĂšre et de sĂ©curitĂ© commune PESC, a Ă©tĂ© assez largement marginalisĂ©. Cela a Ă©tĂ© notĂ©, Ă lâintĂ©rieur comme Ă lâextĂ©rieur de lâUE. La rĂ©sonance de cette mise Ă lâĂ©cart est dâautant plus forte que le traitĂ© de Lisbonne appellera Ă lâavenir le titulaire de ce poste Ă devenir, sans en avoir le nom, une sorte de ministre des Affaires Ă©trangĂšres de lâUnion. 34Le couple franco-allemand joue traditionnellement un rĂŽle de moteur dans lâUE, cest-Ă -dire quâil donne du grain Ă moudre aux institutions, surtout sur les sujets sur lesquels la Commission est rĂ©ticente, ou pendant les pĂ©riodes oĂč elle est muette. Ce moteur est grippĂ©. Il ne sâagit pas dâun diffĂ©rend personnel entre le prĂ©sident français et la chanceliĂšre allemande, mais dâune divergence â qui nâest pas nouvelle â, dans la perception des intĂ©rĂȘts et dans le choix des approches politiques. Comme tous les couples, celui-ci ne fonctionne que lorsque, de part et dâautre, on est convaincu que lâavantage dâune action commune prime, et doit primer, sur la dĂ©fense dâapproches ou dâintĂ©rĂȘts propres. Cette conviction a souvent existĂ© dans le passĂ©, et a conduit Ă des compromis parfois historiques. Elle semble moins prĂ©sente aujourdâhui. CoĂŻncidence ou malchance, il se trouve que le Benelux [25], qui a souvent jouĂ© un rĂŽle dynamique par le passĂ©, a pratiquement cessĂ© dâexister depuis le rĂ©sultat nĂ©gatif au rĂ©fĂ©rendum nĂ©erlandais sur le TraitĂ© constitutionnel. Et la mĂ©sentente a atteint des sommets lors de la dĂ©bĂącle de la banque Fortis. 35Croire, comme certains, que lâon peut substituer Ă ces alliances stables des coalitions occasionnelles rĂ©unissant des partenaires Ă chaque fois diffĂ©rents, en fonction des sujets, est une illusion. Cette pratique directement inspirĂ©e de la diplomatie du xix e siĂšcle, remise au goĂ»t du jour par Donald Rumsfeld coalition of the willing » nâa jamais fonctionnĂ© dans un cadre multilatĂ©ral. Elle a toujours Ă©chouĂ© parce quâelle est source de tensions et non de synergies. 36Il ne sâagit en rien de minimiser les rĂ©sultats spectaculaires dâune prĂ©sidence dynamique. Mais on aurait sans doute tort de croire, au vu de ces rĂ©sultats, que la bĂȘte se porte bien. On aurait tort aussi de conclure que, pour lâavenir, sa gouvernance est assurĂ©e. Et le traitĂ© de Lisbonne ? 37Ce traitĂ© apporte de sĂ©rieux progrĂšs Ă la construction europĂ©enne du point de vue de la dĂ©mocratie pouvoirs du Parlement europĂ©en et des parlements nationaux, de lâefficacitĂ© votes Ă la majoritĂ© qualifiĂ©e et des relations extĂ©rieures. Il entend renforcer par diverses mesures le poids, la cohĂ©rence et les moyens de lâexĂ©cutif, cest-Ă -dire faciliter sa gouvernance. Peut-on dire que, si ce traitĂ© entrait en vigueur, nous serions mieux armĂ©s pour faire face Ă des crises comme celle que nous connaissons ? Ă nouveau il faut, pour rĂ©pondre, examiner les deux branches de lâexĂ©cutif. 38La Commission sort incontestablement perdante du compromis trouvĂ© au Conseil europĂ©en de dĂ©cembre 2008. Une partie du prix quâil a fallu payer pour la tenue dâun nouveau rĂ©fĂ©rendum en Irlande payĂ© sans garantie de rĂ©sultat est le maintien indĂ©fini de la rĂšgle dâun commissaire par Ătat, cest-Ă -dire dâune Commission plĂ©thorique. Ă partir de lĂ sâenclenche un engrenage dont nous avons eu la dĂ©monstration sous nos yeux 39Le maintien de cette rĂšgle fait que les commissaires sont perçus, et se perçoivent, comme reprĂ©sentant » lâĂtat membre dont ils sont issus. Il devient impossible dĂšs lors de voter au sein du collĂšge. La disparitĂ© des Ătats reprĂ©sentĂ©s est si grande quâun vote non pondĂ©rĂ© manquerait de lĂ©gitimitĂ©. La Commission Barroso sera sans doute la premiĂšre Ă clĂŽturer son mandat sans avoir jamais votĂ©. 40Faute de pouvoir voter, il faut dĂ©cider par consensus. Dans un groupe aussi large, il nâest pas facile Ă atteindre, et la Commission reste en consĂ©quence facilement inactive. Dâautre part, pour vaincre lâimmobilisme, la tendance naturelle est de renforcer lâautoritĂ© du prĂ©sident, et donc dâĂ©voluer vers un systĂšme prĂ©sidentiel. Ces deux tendances sont manifestes dans la Commission actuelle. 41Le prĂ©sident a plutĂŽt avantage, dans sa recherche du consensus, Ă parler aux chefs de gouvernement, quâil rencontre rĂ©guliĂšrement au Conseil europĂ©en, plutĂŽt quâĂ leurs reprĂ©sentants » au sein de la Commission. La collĂ©gialitĂ© disparaĂźt. Comme il ne peut pas parler de tout Ă tous, il choisit naturellement de parler surtout aux grands Ătats, renforçant ainsi la tendance, bien Ă©vidente, vers un directoire » de ceux-ci. Il est aujourdâhui implicitement admis que la Commission ne fait pas de proposition lorsquâun des grands Ătats est notoirement opposĂ© Ă cette initiative. 42Ces considĂ©rations ne sont pas formulĂ©es dans un esprit critique. Sur la base du systĂšme existant, lâengrenage indiquĂ© est inĂ©vitable ; il aboutit parfois mĂȘme Ă un moindre mal. Câest le systĂšme quâil aurait fallu changer ! Mais lâanalyse explique bien pourquoi, Ă la seule exception honorable des pays Benelux, il a Ă©tĂ© si facile de trouver, en dĂ©cembre dernier, un consensus sur le maintien dâun commissaire par Ătat, rĂšgle quâon avait auparavant dĂ©cidĂ© dâabandonner. Avec une Commission plĂ©thorique, les petits pays sont heureux de conserver lâapparence du pouvoir et de lâinfluence, et les grands satisfaits dâen dĂ©tenir la rĂ©alitĂ©. 43Toujours est-il que personne ne sâattend Ă ce que lâentrĂ©e en vigueur du traitĂ© de Lisbonne renforce le rĂŽle de la Commission dans la gouvernance europĂ©enne [26]. Quâen est-il du Conseil ? 44Le traitĂ© de Lisbonne modifie en profondeur son mode de fonctionnement en crĂ©ant des prĂ©sidences semi-permanentes pour le Conseil europĂ©en et le Conseil Relations extĂ©rieures », en faisant du Haut ReprĂ©sentant pour la PESC un vice-prĂ©sident de la Commission, et en le dotant dâun service extĂ©rieur commun. De plus, le TraitĂ© Ă©tend le champ de la majoritĂ© qualifiĂ©e. Ces innovations ont pour but dĂ©clarĂ© de renforcer la capacitĂ© de gouvernance du Conseil. 45Ce but sera-t-il atteint ? Il est Ă©videmment impossible de rĂ©pondre aussi longtemps que le TraitĂ© nâest pas entrĂ© en vigueur. Des interrogations subsistent cependant, surtout autour du trio de tĂȘte [27]. Des tensions semblent inĂ©vitables entre le prĂ©sident du Conseil europĂ©en et le prĂ©sident de la Commission, entre ce dernier et son puissant vice-prĂ©sident, entre le Haut ReprĂ©sentant et le prĂ©sident du Conseil europĂ©en. Il y a beaucoup dâambiguĂŻtĂ©s dans les textes, en particulier en ce qui concerne les relations extĂ©rieures. On peut se demander si le prĂ©sident du Conseil europĂ©en â qui par dĂ©finition ne sera plus chef de gouvernement â, aura lâautoritĂ© politique et morale requise, Ă ce niveau, pour faire avancer les dossiers et obtenir des dĂ©cisions, alors quâil nâaura plus derriĂšre lui le poids de son pays et de sa fonction. 46Lâavenir seul montrera si ces prĂ©occupations sont justifiĂ©es. Tout ce quâon peut conclure Ă prĂ©sent, câest quâil nâest pas certain que le traitĂ© de Lisbonne amĂ©liore substantiellement la gouvernance europĂ©enne, ni par la voie de la Commission ni par celle du Conseil. 47*** 48Comme toute sĂ©quence politique importante, la prĂ©sidence française relĂšve de plusieurs lectures possibles, non pas tant en ce qui la concerne en elle-mĂȘme quâen ce qui concerne les tendances institutionnelles sous-jacentes mises en lumiĂšre et qui rĂ©gissent la gouvernance de lâUnion. 49Pour Jean-Dominique Giuliani [28], il sâagit dâune pratique nouvelle des institutions. Le prĂ©sident a bousculĂ© les canons de la politique europĂ©enne en multipliant les prises de position fermes et en instaurant des rapports de force avec ses partenaires. Les Ă©quilibres institutionnels de lâUnion Ă©voluent, alors que la politique reprend ses droits. Le Parlement europĂ©en confirme son influence et fait preuve de son utilitĂ© pendant que la Commission est dĂ©fiĂ©e par le nouvel Ă©quilibre politique ». En partie similaire est lâanalyse de Jean-Louis Bourlanges, qui estime que le prĂ©sident a fracturĂ© cet univers byzantin [en] faisant enfin entrer de la politique dans la discussion [29] ». 50Pierre Defraigne invite Ă une autre lecture. Selon lui, lâUnion a Ă©tĂ© mise sur une mauvaise orbite. Elle est dĂ©sormais invitĂ©e Ă puiser son dynamisme dans lâintergouvernemental et, comme le consensus Ă 27 est impossible, câest le directoire des grands Ătats qui va piloter lâattelage en bousculant les petits. Cette voie est une impasse [30] ». De mĂȘme, Pierre Moscovici suggĂšre que le prĂ©sident croit plus aux petits comitĂ©s quâaux institutions et quâil privilĂ©gie une vision intergouvernementale de lâEurope et une vision de directoire, dont la convocation inutile dâun G4 Ă Paris, le 4 octobre, constitue un exemple frappant. 51Il est clair que la rĂ©ussite de la prĂ©sidence française ne doit pas occulter la faiblesse rĂ©elle et inquiĂ©tante du pouvoir exĂ©cutif dans lâUE. On peut discuter longuement des causes de cette situation. Des tensions entre Ătats membres, et entre institutions, ont jouĂ© leur rĂŽle. Mais la rĂ©ticence des Ătats, aujourdâhui manifeste, Ă de nouveaux transferts de souverainetĂ© et mĂȘme au fait de permettre aux institutions communes de fonctionner dans les conditions dâindĂ©pendance prĂ©vues par les traitĂ©s, est sĂ»rement une cause centrale de cette faiblesse. On ne voit pas ce que le traitĂ© de Lisbonne pourra y changer. 52Sâadressant au Parlement europĂ©en Ă Strasbourg le 16 dĂ©cembre, le prĂ©sident Sarkozy dĂ©clarait On ne construira pas lâEurope contre les Ătats ». Il a sĂ»rement raison. Personne dâailleurs nâavait vraiment proposĂ© de faire cela. Mais il ne faudrait pas conclure de cette affirmation quâon pourra construire lâEurope avec les seuls gouvernements. En Europe, lâexpĂ©rience dâun demi-siĂšcle dâintĂ©gration montre le contraire. Les expĂ©riences similaires tentĂ©es ailleurs dans le monde ont toutes Ă©chouĂ©, le plus souvent faute dâun appareil institutionnel solide. En rĂ©flĂ©chissant sur le long terme, au-delĂ dâune prĂ©sidence semestrielle, si brillante soit elle, on en revient toujours Ă lâune des citations de Jean Monnet les plus frĂ©quemment utilisĂ©es Rien nâest possible sans les hommes, rien nâest durable sans les institutions ». Et la gouvernance se joue dans la durĂ©e. Notes [1] F. Braudel Civilisation matĂ©rielle, Ăconomie et Capitalisme, xv e-xviii e siĂšcles. Tome III, le temps du monde, Paris, Armand Colin, 1979, p. 227 sqq retrace lâhistoire des crises 1763-1783 qui ont conduit au transfert du centre de lâĂ©conomie mondiale dâAmsterdam Ă Londres. Cette description trouve un Ă©cho saisissant dans les Ă©vĂ©nements des derniers mois. [2] Intervention de Ch. Noyer au cours dâun colloque sur les marchĂ©s financiers, Tokyo, 17 novembre 2008. Dâautres analyses font remonter le dĂ©but de la crise Ă la faillite de deux hedge funds de Bear Stearns, le 20 juin 2007. [3] N. Sarkozy, Discours au Parlement europĂ©en », Strasbourg, 16 dĂ©cembre 2008. [4] Rapport final du ComitĂ© des sages sur la rĂ©gulation des marchĂ©s europĂ©ens des valeurs mobiliĂšres , prĂ©sidĂ© par A. Lamfalussy , 15 fĂ©vrier 2001. [5] N. VĂ©ron, Is Europe Ready for a Major Banking Crisis? , Bruxelles, Institut Bruegel, Bruegel Policy Brief », n? 3, aoĂ»t 2007. [6] Document 11018/1/08. Il sâagit du paragraphe [43], sur un total de 78. [7] Ăditorial, Le Monde, 18 dĂ©cembre 2008. [8] The Economist, 18 dĂ©cembre 2008. [9] J. Thornill, Financial Times, 24 dĂ©cembre 2008. [10] Commision europĂ©enne, Gouvernance europĂ©enne un Livre blanc, Bruxelles, COM2001 428 final, 25 juillet 2001, p. 9, note [1]. [11] Rapport sur la transparence des fonds spĂ©culatifs A6-0296/2008, rapporteur Klaus Heiner Lehne et Rapport sur les fonds alternatifs et les fonds de capital-investisement A6-0338/2008, rapporteur Poul Nyrup Rasmussen. [12] Altman, The Great Crash 2008 A Geopolitical Setback for the West », Foreign Affairs , vol. 88, n? 1, janvier-fĂ©vrier, 2009, p. 8. [13] DĂ©claration des trustees de Friends of Europe, prĂ©sidĂ©s par Ătienne Davignon, le 9 dĂ©cembre 2008. [14] MentionnĂ© par A. Lamfalussy lors de son intervention Ă lâEuro 50 Group, Banque de France, 3 octobre 2008. [15] ComposĂ© des ministres de lĂconomie et des Finances des Ătats membres, ainsi que, lorsque des questions budgĂ©taires sont Ă lordre du jour, des ministres compĂ©tents en matiĂšre de budget, lâECOFIN se rĂ©unit une fois par mois. Il couvre nombre dâaspects de la politique de lUE, tels que la coordination de la politique Ă©conomique, la surveillance Ă©conomique, le contrĂŽle de la politique budgĂ©taire et des finances publiques des Ătats membres, leuro questions juridiques, pratiques et internationales, les marchĂ©s financiers ainsi que les mouvements de capitaux et les relations Ă©conomiques avec les pays tiers [NDLR]. [16] DĂ©claration du 8 octobre 2008, texte complet disponible sur . [17] Un besoin dâUnion face Ă la crise », Le Monde, 11 dĂ©cembre 2008. [18] CEPS, Notre Europe, European Policy Center EPC et Institut Bruegel, Open Letter to the European Council, Bruxelles, 11-12 dĂ©cembre 2008. [19] Document COM2008 800 final. [20] ExposĂ© introductif Ă lâaudition par la Commission des Finances, 27 fĂ©vrier 2008. [21] Cf. note [5]. [22] K. Lannoo, Concrete Steps towards More Integrated Financial Oversight The EUâs Policy Response to the Crisis », Londres, CEPS, Task Force Report », n? 1, dĂ©cembre 2008. [23] Discours du prĂ©sident Sarkozy au Parlement europĂ©en, 16 dĂ©cembre 2008. [24] Interview, LibĂ©ration, 27 dĂ©cembre 2008. [25] Le rĂŽle des pays du Benelux dans la construction europĂ©enne est souvent passĂ© sous silence par les Français et plus encore par les Anglais. Nous rappellerons ici le rĂŽle de Paul-Henri Spaak et de Johan W. Beyen dans la nĂ©gociation du traitĂ© de Rome, le MĂ©morandum Benelux au dĂ©part de la nĂ©gociation dâAmsterdam, et plusieurs contributions Ă la Convention autour desquelles se sont cristallisĂ©es les positions de pays de taille similaire. [26] PrĂ©vue initialement pour le 1er janvier 2009 mais nâayant pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©e, lentrĂ©e en vigueur du traitĂ© de Lisbonne a Ă©tĂ© reportĂ©e par le Conseil europĂ©en des 11 et 12 dĂ©cembre 2008 et doit avoir lieu dâici la fin de lâannĂ©e 2009. Il en dĂ©coule certaines difficultĂ©s pour les Ă©lections europĂ©ennes, le renouvellement de la Commission et le choix du futur prĂ©sident stable » du Conseil europĂ©en [NDLR]. [27] Sur les difficultĂ©s prĂ©visibles de la prĂ©sidence, voir EPC, Egmont et CEPS, The Treaty of Lisbon Implementing the Institutional Innovations, Bruxelles, novembre 2007, p. 41 sqq . [28] Lettre de la Fondation Robert Schuman, 15 dĂ©cembre 2008. [29] Interview, Figaro Magazine, 27 dĂ©cembre 2008. [30] La Libre Belgique, 31 dĂ©cembre 2008.
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SociĂ©tĂ© L'ex-patron du groupe de construction a demandĂ© vendredi devant le tribunal de commerce de Nanterre une indemnisation record Ă son ancienne entreprise, qu'il accuse de l'avoir privĂ© d'une partie de ses stock-options. C'est devant un auditoire clairsemĂ© que se dĂ©roulait, au tribunal de commerce de Nanterre Hauts-de-Seine, vendredi 28 mars, le nouvel Ă©pisode de la guerre que se livrent le numĂ©ro un mondial du BTP, Vinci, et son ancien prĂ©sident, Antoine Zacharias. Ce dernier est venu, depuis sa retraite suisse, rĂ©clamer 81 millions d'euros, reprĂ©sentant le bĂ©nĂ©fice des stocks-options qu'il n'a pu exercer depuis son dĂ©part. L'ex-patron de Vinci avait en effet brutalement dĂ©missionnĂ© de la prĂ©sidence de l'entreprise, lors d'un conseil d'administration, le 1er juin 2006, devant le refus de neuf administrateurs sur seize de licencier son numĂ©ro deux, Xavier Huillard. Le conflit avait dĂ©butĂ© le 9 janvier prĂ©cĂ©dent, lorsque fut Ă©voquĂ©e la proposition d'accorder Ă M. Zacharias une prime de 8 millions d'euros aprĂšs le rachat rĂ©ussi d'Autoroutes du Sud de la France ASF, rĂ©cemment privatisĂ©e. Dans une lettre du 9 fĂ©vrier, Xavier Huillard, alors directeur gĂ©nĂ©ral, osait s'Ă©lever contre cette Ă©ventualitĂ© et lui Ă©crivait "Vous avez ⊠dĂ©cidĂ© de faire valoir vos droits Ă la retraite [de la fonction de directeur exĂ©cutif, ne conservant que la prĂ©sidence] et de dĂ©clencher, dĂ©but 2006, le rĂšglement d'un package de plus de 50 millions d'euros qui se situe Ă des niveaux oĂč l'Ă©motion incontrĂŽlable de l'opinion publique peut prendre le pas sur le rationnel. Je suis convaincu ⊠qu'une prime ASF ⊠vous ferait et ferait courir Ă Vinci un trĂšs important risque de dĂ©stabilisation." A compter de cette lettre, les deux dirigeants de Vinci, pourtant collaborateurs de longue date, ne se sont plus adressĂ© la parole. "VOLTE-FACE SURPRENANTE" La guerre de pouvoir s'achĂšvera, contre toute attente, par le maintien de Xavier Huillard au poste de directeur gĂ©nĂ©ral, ce qui provoque la dĂ©mission de M. Zacharias. Il refuse mĂȘme un siĂšge de prĂ©sident d'honneur et est immĂ©diatement remplacĂ© Ă la prĂ©sidence par Yves-Thibault de Silguy. Mais le 12 juin 2006, par "une volte-face surprenante", selon Me Georges Jourde, avocat de Vinci, M. Zacharias se ravise et maintient qu'il est toujours administrateur du groupe et, Ă tout le moins, de quatre sociĂ©tĂ©s filiales, Vinci Concessions, Vinci Allemagne, Vinci Royaume-Uni et Vinci Park, tous mandats dont il est rĂ©voquĂ© le 7 juillet suivant. N'Ă©tant plus mandataire social ni salariĂ©, la direction de Vinci estime dĂšs lors qu'il n'a plus droit Ă ses stock-options. Pour justifier sa demande d'aujourd'hui, Me Georges Terrier, avocat de M. Zacharias, affirme que sa rĂ©vocation n'a pas Ă©tĂ© motivĂ©e par une faute grave mais par la seule volontĂ© de le priver de ses avantages, et rappelle "les performances exceptionnelles rĂ©alisĂ©es par Vinci" sous la prĂ©sidence de son client, entre 1997 et 2006 un chiffre d'affaires multipliĂ© par quatre et une valeur boursiĂšre dĂ©cuplĂ©e. "Nul ne conteste que M. Zacharias a Ă©tĂ© l'artisan de la crĂ©ation de valeur de Vinci, mais il n'est pas le seul, puisqu'il y a 160 000 collaborateurs, et il a Ă©tĂ© confortablement rĂ©munĂ©rĂ© pour cela", a rĂ©torquĂ© Me Jourde, rappelant le dernier salaire annuel de M. Zacharias de 4,3 millions d'euros, la prime de dĂ©part Ă la retraite de 12,8 millions d'euros, une retraite garantie de la moitiĂ© de son dernier salaire, soit 2,5 millions d'euros par an, des jetons de prĂ©sence et des plus-values sur 12 millions d'actions, Ă©valuĂ©es Ă 260 millions d'euros. Le procureur de la RĂ©publique a souhaitĂ© recentrer le dĂ©bat, en excluant toute question morale "Il ne s'agit pas de contester la rĂ©munĂ©ration des mandataires sociaux âŠ, mĂȘme si elle peut paraĂźtre indĂ©cente aux yeux de certains salariĂ©s âŠ, ni d'apprĂ©cier le travail de M. Zacharias âŠ. La vraie question est de savoir s'il peut prĂ©tendre bĂ©nĂ©ficier de ces stocks-options en cas de rupture du mandat social. Pour moi, la rĂ©ponse est non." A son avis, "le conseil d'administration a le pouvoir de rĂ©voquer les administrateurs ad nutum [Ă tout moment, sans motif ni formalitĂ©s]" et "c'est peut-ĂȘtre son rĂŽle d'empĂȘcher une personne physique de s'enrichir au dĂ©triment de l'entreprise". Jugement le 30 mai. Isabelle Rey-Lefebvre Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. 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